Tandis que les Journées européennes du patrimoine battent son plein, gros plan sur le futur Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (Ciap), un bel outil de découverte à destination du grand public qui va voir le jour au premier semestre 2014, place de la Bourse.


De nombreuses villes se sont déjà dotées d’une telle ressource, préconisée dans le cadre de la convention Ville d’art et d’histoire. Bordeaux, «deuxième ville de France après Paris sur le plan du patrimoine, donc la première en régions, avec 372 bâtiments historiques», détaille Dominique Ducassou, l’adjoint à la Culture, Bordeaux a attendu... Pour mieux fourbir ses armes : «Le projet est véritablement dans les cartons depuis 2006», indique David Jurie, animateur de l’architecture et du patrimoine au sein de la Direction des affaires culturelles de la Ville, dont c’est l’un des projets-phares depuis son entrée en fonction. «Mais la feuille de route nationale est très vague, alors nous avons souhaité étoffer notre cahier des charges, prendre le temps de déterminer ce que nous souhaitions y mettre, élaborer des contenus pertinents, trouver un lieu adéquat.»



Exit Bordeaux Monumental

Les 500 m2 dont le Ciap va disposer sont situés place de la Bourse, juste à côté du musée national des Douanes. Dès l’entrée, on retrouvera un accueil similaire à celui qu’on trouve à Bordeaux Monumental, le local co-géré avec l’Office de tourisme, appelé à disparaître : prospectus, plans, aide à la visite... La base pour le visiteur lambda à Bordeaux. C’est après ce sas que les choses sérieuses commenceront. «L’idée n’est pas d’en faire un espace touristique, reprend David Jurie, mais un espace plus scientifique.» Scientifique, mais au sens léger du terme. «La difficulté avec la médiation autour du patrimoine, c’est que le domaine recouvre trois univers très différents : l’aménagement, le tourisme et la culture. Le Ciap sera complémentaire des autres lieux, et intéressera autant les Bordelais que les touristes.»


Interactivité à tout crin

L’essentiel de l’espace sera consacré à un parcours permanent dont la scénographie a été confiée au studio bordelais Bureau Baroque. Pièce-maîtresse du dispositif, un plan dynamique de la ville sur un pan incliné (sur lequel les enfants pourront monter !) qui permettra, grâce à du mapping vidéo, de voir évoluer la «flaque urbaine» du néolithique à nos jours. Non loin, une maquette de rue interactive pour comprendre les différents types d’habitats qu’on trouve à Bordeaux (échoppes...).

Autour, des maquettes réalisées par des artistes «qui imaginent à quoi pouvait ressembler Bordeaux dans un passé qu’on ne connaît que par l’écrit et de rares illustrations». 
Plus loin, un module qui détaillera les projets architecturaux utopiques ou jamais réalisés, toutes époques confondues – «on verra ainsi que la ville n’a jamais été vue comme figée, mais au contraire que Bordeaux a été vue comme une incroyable matière première pour les architectes». Encore ailleurs, une table tactile montrant les rues de Bordeaux de manière interactive – «vraiment interactive : chacun autour de la table verra le même endroit à une époque différente, cela appellera aussi à interagir avec son voisin», s’enthousiasme l’animateur.


Ajoutez à cela des plans des chantiers en cours, des panneaux pour comprendre les flux migratoires mondiaux qui ont enrichi la ville et forgé son identité, un espace ateliers pour les enfants, de la documentation numérique à foison à feuilleter sur table tactile, et des ressources accessibles de partout via le Web... Et on comprendra que Bordeaux aura enfin un espace patrimoine au top – «On va nous l’envier !» promet David Jurie. 


Les travaux sont prévus pour débuter à la fin du mois de septembre. Pour finir... En théorie, en mars 2014 – pour une inauguration juste avant les municipales. Mais comme, à Bordeaux (comme ailleurs), les gros chantiers, on sait comment c’est, on préfère ne pas trop s’avancer. Avant l’été, si tout va bien... •

Sébastien Le Jeune

Photo : Le Ciap promet d’être un formidable outil pour les Bordelais désireux de saisir le patrimoine de leur ville © Bureau Baroque