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Avec Kader Attou, la danse hip hop prend “racines” PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 17 Septembre 2013 08:00

Cadences, le festival de danse d’Arcachon, démarre aujourd’hui pour une édition plus acrobatique que jamais intitulée «Danse avec le cirque». Figure très attendue cette semaine, Kader Attou, fondateur de la Cie Accrorap et directeur du CCN de La Rochelle, revient dans «The Roots» sur l’évolution de la danse hip hop depuis ses origines. Entretien.

Dans «The Roots» [“Les Racines”, ndlr], vous balayez trente ans d’histoire de ce style que vous avez découvert avec «H.I.P. H.O.P.», l’émission de Sidney dans les années 80. Est-ce donc une pièce nostalgique ?

Nostalgique, oui et non. Disons que je me suis souvenu de mes 10 ans, les dimanches après-midi en 1984, l’émission de Sidney – une vraie bombe ! Je me suis demandé si j’en serais là s’il n’y avait pas eu cette émission. J’ai donc construit « The Roots » en flashbacks sur 20 ans de projets chorégraphiques et, tandis que, d’habitude, je croise les esthétiques dans le choix des danseurs, cette fois j’ai fait appel à 11 danseurs masculins en cherchant à m’accaparer leur énergie brute. Montrer qu’au fil des projets, le sens de mon travail a été de mêler cette force, cette énergie, cette fluidité à la recherche de l’émotion, en allant vers de plus en plus de poésie. 


Mais je n’ai pas voulu retracer l’histoire du hip hop de manière scolaire, ce n’est pas une thèse : quand je dis “racines”, c’est de celles du mouvement dont je parle. Car il faut bien comprendre que le hip hop est une danse de l’appropriation des codes existants, ouverte à tout ce qui se passe autour d’elle. Elle a grandi, mûri grâce au frottement des esthétiques et pourtant, où qu’on aille, du Mali à Buenos Aires, on retrouve le même langage corporel : c’est ça qui est extraordinaire.


Dans « The Roots », au-delà de la danse, la scéno, la musique, tout contribue à ouvrir une fenêtre sur l’enfant que nous avons été et que nous sommes tous encore aujourd’hui : on en parle au passé alors que ce gosse, il est en nous si on veut bien être à l’écoute de notre côté espiègle. Et j’ai retrouvé ça très fort au contact de mes onze danseurs : je suis parti aussi avec ce qu’ils sont vraiment comme interprètes, tous différents, et le plus vieux c’est moi – certains ont 22 ans et n’étaient pas nés quand je faisais mes premiers pas de six-step en banlieue lyonnaise en 1984 !



La thématique cirque de cette édition de Cadences résonne-t-elle en vous ?

Bien sûr ! Peu de gens savent qu’avant la danse, j’étais dans une petite école de cirque. Et quand nous avons monté la compagnie Accrorap avec Mourad Merzouki (actuel directueur du CCN de Créteil, ndlr), elle s’appelait à l’origine « Rapacro », pour « acrobatique », avec des croisements d’éléments circassiens (échasses, jonglage…). J’aime cette poésie qui se dégage du cirque, du nouveau cirque en particulier – un Jérôme Thomas qui arrive à vous émouvoir avec une seule balle… En danse, on n’invente rien, c’est juste la manière de voir qui change. On essaie d’enrichir notre danse pour trouver notre patte, notre écriture. Des chorégraphes comme Carolyn Carlson ou Maguy Marin ont œuvré dans ce sens et, moi-même, je m’inspire de tout ce qui se passe autour de moi et le cirque en fait partie.



Juste après Cadences, « The Roots » part dans une immense tournée nationale – plus de 50 dates ! – avec Suresnes Cité Danse en janvier, et dès la semaine prochaine, cinq soirs d’affilée à la Maison de la Danse à Lyon. Cette escale lyonnaise revêt-elle une importance particulière pour vous ?

Oui, il s’agit d’un vrai retour aux sources pour moi. C’est grâce à Guy Darmet, l’ancien directeur de la Maison et créateur de la Biennale de la danse, que nous avons créé notre premier spectacle professionnel, « Athina », lors d’une carte blanche pendant la Biennale, puis à nouveau deux ans plus tard : ça a été un formidable tremplin dans l’histoire de la compagnie. Mais, bien que nous ayons été invités encore à la Biennale, ça a toujours été hors-les-murs, et ce sera la première fois que nous remettrons les pieds sur le plateau de la Maison de la Danse depuis 1996. Un grand moment en perspective.



Vous y reviendrez d’ailleurs en 2014 : c’est là-bas qu’est prévue la création de votre prochaine pièce. Peut-on déjà avoir une idée de son propos ?

En effet, la première sera donnée lors de la prochaine Biennale, en septembre 2014 – et on la retrouvera probablement dans la programmation de la Coursive dans la foulée. Rien n’est encore finalisé mais j’ai déjà des idées. Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est qu’il s’agira d’une pièce avec beaucoup de danseurs (16 ou 17) et, comme j’aime beaucoup la BD d’auteur – comme le « Blast » de Larcenet par exemple – je m’interroge pas mal en ce moment sur la notion de bulle…





Comment voyez-vous évoluer la danse hip hop ?

Dans sa technique, ça bouge tout le temps, c’est affreux ! La technicité est considérable et, dans un an, elle ira encore au-delà : les mômes sont encore dans la volonté de défier toujours plus les lois de l’apesanteur. Nous chorégraphes essayons simplement d’y apporter une patte artistique, en évitant qu’elle se renferme sur elle-même. C’est difficile, désormais que la danse hip hop est partout, à toutes les sauces – à tel point qu’on en propose dans les clubs de remise en forme ! Personnellement, les deux seules formes que je défends, ce sont les battles, ces performances fondatrices du mouvement, et la scène où se développe un véritable langage chorégraphique. • 


Recueilli par Sébastien Le Jeune


Vendredi à l’Olympia (Arcachon), 21h, 17-28€. Tél. 05 56 54 95 51.
En masterclass (pour initiés) samedi, 9h-12h, sur réservation au 05 57 52 97 95.


Pointures et découvertes

Heureux ceux qui pourront se rendre à Arcachon toute cette semaine placée sous le signe de la danse. Cinq “stars” de la discipline tiennent le haut de l’affiche : outre Kader Attou vendredi, se succéderont sur la scène de l’Olympia le tango dépoussiéré de Sidi Larbi Cherkaoui dans «M¡longa» ce mardi soir (complet), les «Rois» où Gilles Baron fait s’affronter huit circassiens de la Cie Origami sur le puissant Requiem de Fauré demain, un dialogue étonnant entre la Cie Circa et le Quatuor Debussy dans «Opus» samedi (photo de Uneà et le «De Flamencas» de la compagnie de l’étoile montante Marco Flores dimanche (tous à 21h, 17-28€).
En parallèle, le Théâtre de la mer accueillera pour 5€ par spectacle un foule de propositions issues des scènes plus ou moins émergentes de France et de l’étranger : ce week-end notamment, on ne manquera pas les impressionnants Philébulistes (vendredi à 18h), la «Fildefériste» japonaise Kosakatani (vendredi et samedi) et les acrobates danseurs suédois d’i19 (samedi et dimanche). Le tout ponctué, le week-end, d’animations d’écoles de danse et, le dimanche, de barres sur la plage.

Programme complet sur www.arcachon.com/cadences

Photo : Passé par le cirque, Kader Attou revisite à sa manière poétique et acrobatique 30 ans de danse hip hop. © João Garcia

 

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