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Le Pont tourne... mal PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 18 Septembre 2013 07:00

«On tient parce qu’on est fous.» Ces quelques mots dans la bouche de Stéphane Alvarez, directeur du Théâtre du Pont tournant, résument bien la situation de la salle de Bacalan, au bord de l’asphyxie financière. Et de se désoler de l’absence de «politique culturelle cohérente sur le territoire». 


L’an dernier déjà, la cote d’alerte avait été atteinte : devant la baisse des subventions généralisée, l’équipe en avait été réduite à virtuellement se saborder avec quatre licenciements. Cette année, rebelote : elle a dû se séparer de son dernier CDI, le régisseur lumière, et il ne reste plus qu’un seul permanent – un emploi aidé. «À court terme ça tient, admet Stéphane Alvarez : ma femme comédienne fait l’administration bénévolement, l’accueil des spectacles et des publics est assuré par l’asso des Amis du Pont tournant, je monte sur le pont gérer les lumières sans me payer... Mais ça ne marche que quand je ne suis pas en tournée.»


Bref, le lieu tient avec des bouts de ficelle. Malgré un rôle d’«institution intermédiaire» qu’il revendique : «Bordeaux a la chance et la malchance de n’avoir que trois lieux de ce type – la Manufacture Atlantique, le Glob Théâtre et le nôtre – qui oeuvrent en faveur de la proximité, de la mixité sociale et de l’aide à la création et à la diffusion pour des compagnies de toute l’Aquitaine, ou de l’accueil de spectacles parisiens qu’on ne pourrait voir autrement – avec des auteurs qui nous soutiennent comme Jean-Michel Ribes ou Philippe Caubère, qui reviendra nous donner un coup de pouce en janvier, par militantisme. En tout, nous faisons découvrir le répertoire à plus de 3 000 scolaires par an, et accueillons 13 000 spectateurs par an, qui (re)découvrent en passant un quartier Bacalan / Bordeaux Maritime en pleine explosion, avec 5 000 nouveaux habitants attendus.»



Théâtre de qualité vs culture “vitrine”


De fait, un coup d’oeil au programme de rentrée montre comment le Pont tournant s’intègre dans la vie culturelle du territoire. Du répertoire avec «Antigone», «La Cantatrice chauve», «Le Jeu de l’amour et du hasard», «Le Vieil Homme et la mer» en lecture concert avec Jean Lagrave et Erik Baron. De la musique avec notamment le dernier Rue de la Muette, «Presque seul». Des séries par de compagnies régionales, la Cie Mutine et Les Volets Rouges. Et dès la semaine prochaine, «Le Miroir en pire», l’un des spectacles phares du focus Molinier organisé par l’agence régionale Écla. 
La Région, justement, reste pourtant sourde à la situation : «Alain Rousset avait demandé à son conseiller culture Frédéric Vilcocq de trouver une solution : on attend toujours. Quant à la Ville, elle a consenti une rallonge de 10 000€ – une goutte d’eau dans un budget de 460 K€ en baisse de 100 K€ sur deux ans. Quand on voit les millions que coûtent la Méca ou Évento... Pour moi, c’est une vision “vitrine” de la culture qui ne suffira pas à faire que Bordeaux comble son retard par rapport aux autres grandes villes. J’espère que cette année d’élections va réveiller des projets cohérents et structurés de politique culturelle. Pas juste pour nous qui continuons à rêver d’offrir un théâtre de qualité, mais pour tous les administrés qui ont envie que leurs impôts soient mieux distribués.» • SLJ 


Photo : © Joseph Véga

 

 

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