Amis ou curieux des musiques qui ne se laissent pas mettre en cases, la “Carte presque blanche” d’Einstein On The Beach, toute cette semaine, est faite pour vous. Où se côtoieront légendes et héritiers du mouvement “Free Improv’” ou improvisation totale, né dans les années 1960.

Après des années de “Concerts secrets” et autres “Débauches” à l’Abrénat, l’association Einstein On The Beach passe à la vitesse supérieure avec cet événement aux allures de mini-festival. L’idée qui préside est toujours la même : « Promouvoir les musiques du XXIe siècle, celles d’artistes qui cherchent, sans s’interdire aucune esthétique, explique son fondateur Yan Beigbeder. Mais toujours des artistes originaux, provocateurs parfois, qui ne créent pas en fonction des normes ou des modes. »

Pour le coup, du provocateur et de l’original, il va y en avoir cette semaine qui débute largement centrée sur la figure de Phil Minton. Un grand nom de l’avant-garde dès les années 1960, qui va au fil des années développer, au-delà de la trompette, une technique de chant très personnelle et on ne peut plus libre, s’éloignant du scat pour aller vers une forme de “poésie sonore” usant de borborygmes, d’onomatopées, de souffles et, somme toute, de tout son qui peut sortir d’une gorge. On pourra entendre cette voix unique en solo, ce soir, à 21h à l’Abrénat (22, rue Saumenude, près des Capus, 5€), et accompagnée de tout son « Feral Choir » (“choeur sauvage”) vendredi à 21h au Bootleg. Un choeur improvisé lui aussi, monté en quelques jours, dès demain et jusqu’à vendredi, au cours de trois soirs (18h-21h) de stage ouvert à tous, même aux non-chanteurs – et il reste encore des places : inscription via info@einsteinonthebeach.net, 60€.

En plus d’un Minton en bande organisée, on aura droit vendredi au Bootleg à un moment inédit : la crème de la batterie locale, Didier Lasserre et Mathias Pontevia réunis sous le sobriquet de Drums Noise Poetry, invite Lê Quan Ninh, immense percussionniste de musique contemporaine, pour une déferlante de ta-ta-poum (à 21h, 12€).

Samedi, au Bootleg toujours, on retrouvera Pontevia seul dans ses oeuvres dans une coloration plus métallique et, surtout, un trio presque unique : Joëlle Léandre, Phil Minton et André Minvielle n’ont réuni leurs univers si différents qu’à une seule occasion jusque là, lors d’un concert impromptu au festival À Voix haute, pendant l’été 2011 à Bagnères-de-Bigorre, dans les Pyrénées. « J’ai pris une claque », se souvient Yan Beigbeder, heureux que le trio ait eu l’envie de renouveler l’expérience. Entre les percus et la gouaille du griot gascon Minvielle, l’exubérance so British de Minton, et cette balance si particulière de la contrebasse et de la voix de Léandre, grande dame du jazz et du contemporain qui a travaillé avec Cage, Scelsi ou Braxton, on ne peut s’attendre à rien d’autre qu’à l’inattendu (à 21h, 12€).

Enfin, dimanche, on prendra la direction de la galerie de Cdanslaboite, dans la Grande Maison du 79, rue Bourbon, à Bacalan : dès 16h, on pourra mirer l’“expo flash” de clichés de Léandre signés Bruce Milpied (brucemilpied.fr), avant deux sessions de Didier Lasserre en duo avec le trompettiste hors-norme Christian Pruvost (à 17h et 18h30, 8€, 40 places max., réservation obligatoire, cf mail plus haut). • SLJ

www.einsteinonthebeach.net

Joëlle Léandre, André Minvielle et Phil Minton mis en boîte par Bruce Milpied © Bruce Milpied