James Hunter, la soul dans le sang |
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Mercredi, 11 Décembre 2013 07:00 |
Loin de jouer l’hommage, le British James Hunter déroule avec le très vintage « Minute by Minute » un son rhythm’n’blues qui arrive encore à sonner groovy et authentique. Il joue ce soir au Rocher de Palmer, à Cenon. « Quand on est né à Colchester, UK, le mot “Amérique” a forcément une connotation romantique ». Et quand on a 15-16 ans en Angleterre en 1977, soit on prend la vague punk, soit on regarde ailleurs. « J’aimais bien ce courant, je trouvais qu’il mettait un bon coup de pied au cul de l’industrie de la musique – le seul vrai coup de pied au cul depuis Elvis en 1954... Mais musicalement, pour moi, ça le faisait pas trop. Je trouvais la même urgence et plus de chaleur dans le côté groovy de la black music. » Alors, patiemment, ce guitariste hors-pair a bâti une carrière dans le sillage des géants du rhythm’n’blues US. Quasi introuvables, les pressages un peu confidentiels de ses Howlin’ Wilf and the Vee-Jays qui écumaient les clubs londoniens. Jusqu’à ce que sa voix légèrement voilée et son doigté imparable tape dans l’oreille d’un certain Van Morrisson. L’Irlandais l’aidera pour le premier James Hunter solo, le fera collaborer avec Willie Nelson ou Aretha Franklin avant une tournée américaine ensemble qui va vraiment ouvrir au British un boulevard en “terre sainte”. En 2006, le 3e album, le brillant « People Gonna Talk », loupait le Grammy d’un cheveu – derrière B.B. King, excusez du peu...
Le même producteur qu’Amy
« Notre label [Concord] voulait quelqu’un de connu, un peu par stratégie, nous on voulait juste quelqu’un de bon ! Avec Gabe, on a eu les deux ! » Et de partir dans un de ces grands éclats de rire dont il est coutumier. « C’est grâce à lui qu’on a vraiment réussi à faire en sorte que chaque instrument sonne vraiment bien distinct, à mettre bien en valeur la section cuivres. C’est l’un des secrets de ce son inimitable chez Daptone. D’ailleurs, le disque est sorti en vinyle chez eux, j’en suis très fier : c’est un magnifique objet, avec leur logo sur la pochette et tout (rires) ! » Est-ce un son qui peut encore résonner aux oreilles d’aujourd’hui ? Lui en est persuadé : « Je déteste cette industrie de l’héritage, ces taxidermistes de la musique qui veulent tout mettre en musée. Nous, on n’est pas dans l’hommage, c’est une musique qu’on vit, qu’on compose, à laquelle on ajoute notre tempérament british, un peu sardonique. » Et avec un public français ? « L’esprit de la soul transcende la barrière des langues, et ça reste de la pop, au sens de “populaire”. Après, les Français sont bon public mais ont l’air d’attendre si sérieusement entre les morceaux. Comme si j’allais sortir quelque chose d’important – ce que je ne fais jamais (rires). Ça me rappelle ce couple de Français qui était venu me voir à Londres et qui m’avait demandé après “Pensez-vous que la soul music est une religion ?” J’ai répondu “Non non, la soul c’est quelque chose de sérieux ! (rires) » • SLJ James Hunter Six, ce mercredi soir à 20h30, au Rocher de Palmer (Cenon), 10-17€ (résas circuits habituels). Photo : James Hunter, l’un des meilleurs représentants actuels de la “blue-eyed soul” © Ruth Ward |