Ce week-end, le Concours international de violoncelle Louis-Rosoor de Cenon monte en puissance pour sa 3e édition au Rocher de Palmer. En prime, il reçoit une virtuose de l’instrument, Sonia Wieder-Atherton dans une de ces créations qui n’appartiennent qu’à elle.


François Salque au jury, Christophe Havel de Proxima Centauri qui offre sa « Dissidence 2 » à créer pour l’entrée en lice, pour la première fois, des professionnels, 60 candidats de 6 à 32 ans attendus pour plus de 5 000€ de prix : pas de doute, c’est une riche 3e mouture qui se profile demain et dimanche. Avec un pass à 15€, on pourra assister aux auditions plus deux concerts, celui des pédagogues demain à 16h et le final avec orchestre, dimanche à 16h30 (seuls, 10€, gratuit -12 ans).
Surtout, demain soir, verra la venue de Sonia Wieder-Atherton avec son « Odyssée pour violoncelle et choeur imaginaire », qui clôt après les « Chants d’Est » et les « Chants Juifs » son tryptique méditerranéen. « Je me suis imaginée ce personnage de femme, perdue sur un lit de cendres sur une île dominant la mer, se souvient-elle. Un peu à la manière d’une tragédie grecque.Seule avec son violoncelle, elle est immergée dans un univers sonore avec lequel elle se bat. »


Seule en plateau, elle joue avec pour unique accompagnement une partition sonore patiemment construite. Chants traditionnels de l’Andalousie à l’Égypte, paroles saisies au vol au fil de ses nombreux voyages, sons de vagues et de tempête... Autant d’éléments sur lesquels elle pose lignes et arpèges de Bach, Schumann Granados, Aperghis qu’elle a souvent adaptés pour l’instrument. Son complice pour la bande sonore, un Franck Rossi passé par l’Ircam, lui donne le change en live – on est loin du playback, donc. Le tout dans une scéno dépouillée signée du plasticien Romain Pellas. 
On est loin du récital classique : celle pour qui les grands du contemporain (Rihm, Aperghis, Dusapin...) ont écrit des oeuvres, cultive sa personnalité hors-norme. « Pourquoi le classique a été pris en otage dans un univers très codé, normé, c’est une longue histoire. J’ai envie de lui offrir cette ouverture, ce mélange au monde pour ne pas qu’il étouffe. Pour qu’il redevienne ce langage d’invention, de scandale, de résistance... »•

SLJ 


Photo : Sonia Wieder-Atherton, violoncelle iconoclaste © Marthe Lemelle