Le musée des Arts décoratifs expose jusqu’au 30 mars près de 130 verres provenant de la collection particulière du Mesnil. Acquis patiemment au fil des années, ces objets à la fois d’usage et d’apparat sont montrés pour la première fois. Certains de ces verres, encore d’un rare éclat, conçus par l’ingénierie vénitienne sous la Renaissance, ont miraculeusement traversé les siècles.


On savait le verre durable. On en a la preuve. Le propriétaire bordelais Philippe du Mesnil a assuré lui-même le transport de sa précieuse sélection jusqu’au musée. Sans doute aurions-nous été nombreux à faire la même chose dans un cas comme celui-là, étant donné la fragilité de cet ensemble délicat et précieux.



Jusqu’à la verrerie bohémienne 

Répartie sur deux niveaux et installée sobrement dans des vitrines conçues à cette occasion, la verrerie s’offre au regard des visiteurs permettant ainsi de scruter d’étonnants décors, et, parfois, de s’interroger sur la fonctionnalité de certains objets. Comme ces coupes sur pied vénitiennes dérivées de modèles d’orfèvrerie au contenant plat et large qui permettaient d’augmenter la surface de contact entre le vin et l’air et qui servaient dans « des rituels de tables très sophistiqués et très théâtraux » au XVIe siècle. 


Parmi les pièces d’exception, il y a cette coupe en cristal de Bohême, également sur pied, en forme de coquille datée de la fin du XVIIe siècle qui traîne dans son sillage toute une partie de l’histoire de la fabrication du verre en Europe centrale. 



Toutes les époques et tous le styles 

La particularité de cette collection est sans doute son amplitude à travers les âges – remontant jusqu’à la fin du XIXe siècle – et son étendue géographique. D’un certain point de vue, c’est une grande partie de l’évolution des savoir-faire liés à cet artisanat qui est donné à voir ici : gravure à la pointe de diamant, verrerie filigranée, décors rayonnants, ornements floraux ou en arabesques, verre émaillé, blanc opalescent, veiné ou marbré, verre à jambe, etc.


En parallèle de cette exposition, au rez-de-chaussée de l’hôtel de Lalande, un ensemble de films montre les différentes techniques transmises de génération en génération. Elles sont encore utilisées de nos jours par les maîtres verriers. •

Camille Carrau

« Verres d’usage et d’apparat, de la Renaissance au XIXe siècle », 39, rue Bouffard, tous les jours sauf mardis et fériés, de 11h à 18h (14h-18h samedi et dimanche), 2,50-5€. Visites commentées les lundi et samedi, 16h. Tél. 05 56 10 14 00.

Photo : Des verres à jambes du XVIIe au dessin typiquement vénitien. © Jean-Christophe Garcia