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Le CAPC va se faire liker PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 22 Janvier 2014 07:00

Dans un mois, María Inés Rodríguez Fernández, franco-colombienne née en 1968, succédera officiellement à Charlotte Laubard à la tête du CAPC. Elle travaillait encore récemment comme commissaire en chef du Musée d’art contemporain de Mexico. Son projet pour le CAPC ? À terme, en faire un lieu de référence sur l’échiquier des institutions internationales qui comptent. Entretien.

Depuis que vous avez quitté la Colombie à 20 ans, vous avez toujours été en mouvement. Pourquoi poser vos valises à Bordeaux ?

C’était une évidence. Le CAPC est un musée incontournable sur la scène internationale qui jouit d’un passé ancien et récent de première importance. C’est un challenge de participer à l’histoire d’un lieu comme celui-là. Le projet urbain de la ville fait aussi partie des raisons qui ont motivé mon choix. J’ai envie que le CAPC participe à sa manière à l’évolution que connaît Bordeaux. 



C’est votre première expérience en tant que directrice d’une institution, qu’est ce qui vous attire dans le modèle du musée ? 

Je travaille depuis longtemps dans les musées. J’ai notamment été commissaire en chef du Museo de Arte contemporáneo de Castilla y León en Espagne et du Museo universitario de Arte contemporáneo de Mexico. Le musée est une plateforme pour la connaissance. C’est un espace ouvert dédié aux artistes, aux publics, aux autres disciplines. Ce que permet le musée, et c’est ce qui m’intéresse, c’est de partager des idées, des projets, des savoirs, des points de vue sur le réel, la société et les sujets qui nous concernent tous. 



Quels seront les grands axes de votre projet ?

Je voudrais créer un centre d’étude axé sur les archives du musée, développer un programme spécifique pour la jeune génération d’artistes et de commissaires, renforcer la collection par le biais de nouvelles acquisitions, la faire circuler davantage, continuer à l’étudier, faire paraître de nouvelles 
publications. Et je voudrais aussi aménager une place dans la programmation à des expositions qui tiennent compte de la performance et de la danse, et des liens étroits entre art et architecture. 



Pourquoi la danse en particulier ? 

La frontière entre la danse et la performance se resserre de plus en plus. Je crois qu’il y a des échanges importants à faire dans ces domaines. 



À propos de la collection, l’absence de budget dédié pour les acquisitions d’œuvres est-elle “normale” selon vous pour un musée ? 

La ville dispose d’un budget global consacré aux achats d’œuvres pour l’ensemble des musées. Faire de nouvelles acquisitions reste primordial. Pour cela, il faudra trouver des soutiens auprès de la mairie ou auprès de partenaires privés. Il faut se demander : comment veut-on faire évoluer cette collection ? 


Vous avez cité l’architecture. Or, vous allez partager les espaces de l’entrepôt Lainé avec le centre d’architecture Arc en Rêve. Le rapprochement semble presque tomber sous le sens...

Oui. Je me réjouis d’avoir un voisin intéressant dont les idées me sont proches. Nous allons pouvoir collaborer et devenir plus forts ensemble. J’ai vu des expositions magnifiques montées à la fois par Arc en Rêve et le CAPC comme celle consacrée au travail de Yona Friedman. Je me souviens aussi de la très forte exposition de Rem Koolhaas, « Mutations ». 



Les grandes expositions qui développaient jusqu’à présent des points de vues et des intuitions sur l’époque et son devenir seront-elles plus rares, étant donné l’importance du passé dans votre projet global ? 

Non, pas du tout. Chaque époque doit avoir la même importance. S’intéresser à l’histoire ne veut pas dire s’éloigner du présent et du futur. Au contraire. Ça veut dire mieux comprendre le contexte des choses que l’on fait aujourd’hui.



Charlotte Laubard, l’ancienne directrice, a fait remonter entre 2007 et 2013 la fréquentation de 90 000 à 140 000 visiteurs. Avez-vous des objectifs de fréquentation ?

Pour l’instant, mes objectifs sont ceux d’une directrice qui arrive. Je dois d’abord rencontrer mon équipe, évaluer le potentiel du musée et développer un programme cohérent. Charlotte Laubard a fait un travail extraordinaire et j’espère pouvoir honorer ce que je reçois.

Vous n’avez donc pas d’objectif ?
Disons que je n’aimerais pas avoir moins de visiteurs que le musée en a accueilli jusqu’à présent.

Vous disposez de nombreux contacts à l’international, artistes, commissaires et institutions confondus, mais comment envisagez-vous le travail avec les structures locales ? 

Lorsque l’on parle d’un réseau de travail, c’est souvent l’international qui est mentionné. Je pense qu’il faut commencer par le local. Dans ces temps de diverses crises, il faut créer un réseau très fort dans la ville avec l’université, les écoles dédiées au théâtre, à la musique, avec l’école des Beaux-Arts et les institutions consacrées à l’art contemporain. 



Et un CAPC 2.0, vous y songez ?

Je pense surtout aux réseaux sociaux qui sont devenus des moyens incontournables. Ils ne servent pas qu’à communiquer. Les contenus doivent être spécifiques pour donner envie. Le compte Twitter du musée du Prado à Madrid est exemplaire en ce sens. Tout comme celui du « Guardian » pour la presse. Artforum se sert intelligemment d’Instagram en offrant des visites d’expositions. Les réseaux sociaux permettent d’avoir accès à des contenus inventifs et nouveaux. • 


Recueilli par Camille Carrau


En cours, l’expo Michael E. Smith jusqu’au 16/02 et la rétro Sigma jusqu’au 2/03. www.capc-bordeaux.fr

Photo : María Inés Rodríguez Fernández : « Le musée est une plateforme pour la connaissance. » © DR

 

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