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Bertrand Belin déploie ses ailes PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 23 Janvier 2014 07:00

Après l’extraordinaire « Hypernuit », Bertrand Belin développe un peu plus son univers singulier avec son 4e album, « Parcs » (Cinq7). Le son s’enrichit – un peu –, le vers reste ciselé comme jamais. Cet étonnant crooner des temps modernes joue ce soir à la Rock School Barbey. Entretien.


En plus de la comparaison avec Bashung, on entend souvent parler de vous comme d’un Bill Callahan à la française... 

La seconde me paraît plus vraisemblable – je ne vois que de loin le lien avec Bashung. Callahan, ça me plaît, j’aime beaucoup et il fait partie de ces influences que je peux recevoir, d’Amérique particulièrement. Je mentirais si je disais que je suis un fureteur, un mélomane toujours en recherche de nouvelles sensations. J’aime les choses simples comme ce que fait Callahan. La musique orchestrale du début du XXe siècle aussi, ou le jazz chanté des années 1950, Cole Porter, Ella Fitzgerald, Dean Martin. Tous ces crooners, ils ont une vitesse d’exécution de la musique qui me convient parfaitement.



Contrairement aux précédents, vous êtes allé enregistrer cet album en Angleterre. Vous étiez en recherche d’une couleur particulière ?

Je recherchais… (Il marque une pause). Disons que je n’ai pas toujours trouvé les choses que je cherchais mais que j’en ai trouvé d’autres en chemin. L’idée est venue de Chet, le directeur artistique de Cinq7. Il m’a dit qu’il connaissait ce gars à Sheffield, le guitariste de Richard Hawley. Je me suis d’abord demandé si c’était très pertinent : jusqu’à présent, j’avais toujours réalisé mes disques seul, je n’en avais jamais confié les “clés” à quelqu’un.

Et puis j’ai rencontré ce Mark Sheridan, « Shez ». Une rencontre d’homme à homme et, comme dans les belles aventures, un lien de confiance s’est construit. Ce qu’on a trouvé là-bas avec mes musiciens, c’est un autre musicien, un homme d’une grande délicatesse. Il nous a tout simplement permis d’aller au bout de nos idées… avec beaucoup de grâce. En tout cas, ce n’était pas pour trouver le son anglais. Je n’ai pas la moindre foutue idée de ce que ça peut être : pour moi il y en a 150, des sons anglais, pas un seul.



Est-ce à lui que l’album doit ses touches de synthé ? Ou le fait qu’il soit perçu par beaucoup comme plus accessible ?

Non, les synthés, c’est mon idée. C’est vrai que jusqu’ici ça ne m’attirait pas trop, j’avais tendance à privilégier les arrangements de cordes. Mais depuis deux-trois ans, je me suis passionné pour l’instrument, et ça permet d’apporter une palette sonore un peu différente. J’ai voulu en user subtilement – il y en a peu finalement, mais c’est vrai, c’est significatif. Varier les timbres… et les plaisirs.


« Plus accessible », c’est vrai que je l’entends beaucoup. « Plus chaleureux » un peu aussi. Si c’est le cas, j’espère que ce n’est pas au prix d’une quelconque défaillance de ma part. Si c’est dans le sens de “plus confortable”, il est possible que ça provienne du fait que les chansons ont été composées pour un combo classique de scène, avec basse, guitare, batterie, claviers. Avant, la composition était plus folk, la batterie aussi – là, la rythmique est plus pop. J’avais envie d’un peu plus de tempo, d’une pulsation plus soutenue, d’une batterie plus franche… D’un ressort physique en vue de la scène. Quant à “accessible”… Oui, l’album est certainement moins âpre, moins osseux. En termes de sons, j’entends, pas d’arrangements que j’ai voulu désertiques.



« Parcs », c’est encore un nouvel univers. Qu’aviez-vous en tête en l’écrivant  ?

D’un autre côté, j’avais l’envie d’éclaircir encore plus le texte. C’est déjà naturel chez moi, cette envie d’écrire peu. Ce désir un peu sourd, un peu intime, de dire beaucoup de choses en peu de mots. Dans la vie, je peux parler beaucoup mais le silence m’est d’un grand secours aussi. Peut-être y a-t-il aussi une influence des Anglo-Saxons – eux laissent beaucoup plus de place à la musique que la chanson française. En tout cas, j’ai voulu ces textes très, encore plus ajourés. J’ai toujours en tête un idéal harmonieux qui a à voir avec des paysages nordiques très peu peuplés. J’aime imaginer un album tel une œuvre qui puisse contenir tout le burlesque et toute la gravité d’un tableau de Brueghel l’Ancien. Ça me définit. 


Vous savez, il y a eu dès le début du XXe siècle tout un champ de recherche dans l’art et la poésie – la disparition du sujet, la pauvreté de moyens, la singularité des modes narratifs. Tout ça a été très peu essayé dans la chanson, moi j’expérimente, avec mes modestes moyens… Mais ce que j’aime se résume à une équation simple : des mots, peu de mots mais gorgés de sens et de perspectives émotionnelles.



Vous tournez à cinq cette fois-ci…

Oui, c’est nouveau pour moi : c’est la première tournée où j’ai la possibilité de jouer la musique telle qu’elle a été pensée pour l’album. J’ai donc toujours avec moi Thibault Frisoni aux guitares, Tatiana Mladenovitch à la batterie, plus un bassiste, Jean-Yves Lauzac’h, et un clavier, Olivier Daviaud. Enfin, tout ça ne veut pas dire qu’on va se contenter de jouer l’album… 



 





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Recueilli par Sébastien Le Jeune

Ce jeudi soir, 20h30, à Barbey, 16-19€. Réservations via les réseaux habituels.

Photo :  © Philippe Lebruman

 

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