Bertrand Belin déploie ses ailes |
Jeudi, 23 Janvier 2014 07:00 |
Après l’extraordinaire « Hypernuit », Bertrand Belin développe un peu plus son univers singulier avec son 4e album, « Parcs » (Cinq7). Le son s’enrichit – un peu –, le vers reste ciselé comme jamais. Cet étonnant crooner des temps modernes joue ce soir à la Rock School Barbey. Entretien. En plus de la comparaison avec Bashung, on entend souvent parler de vous comme d’un Bill Callahan à la française...
Contrairement aux précédents, vous êtes allé enregistrer cet album en Angleterre. Vous étiez en recherche d’une couleur particulière ?
Et puis j’ai rencontré ce Mark Sheridan, « Shez ». Une rencontre d’homme à homme et, comme dans les belles aventures, un lien de confiance s’est construit. Ce qu’on a trouvé là-bas avec mes musiciens, c’est un autre musicien, un homme d’une grande délicatesse. Il nous a tout simplement permis d’aller au bout de nos idées… avec beaucoup de grâce. En tout cas, ce n’était pas pour trouver le son anglais. Je n’ai pas la moindre foutue idée de ce que ça peut être : pour moi il y en a 150, des sons anglais, pas un seul.
Est-ce à lui que l’album doit ses touches de synthé ? Ou le fait qu’il soit perçu par beaucoup comme plus accessible ?
« Plus accessible », c’est vrai que je l’entends beaucoup. « Plus chaleureux » un peu aussi. Si c’est le cas, j’espère que ce n’est pas au prix d’une quelconque défaillance de ma part. Si c’est dans le sens de “plus confortable”, il est possible que ça provienne du fait que les chansons ont été composées pour un combo classique de scène, avec basse, guitare, batterie, claviers. Avant, la composition était plus folk, la batterie aussi – là, la rythmique est plus pop. J’avais envie d’un peu plus de tempo, d’une pulsation plus soutenue, d’une batterie plus franche… D’un ressort physique en vue de la scène. Quant à “accessible”… Oui, l’album est certainement moins âpre, moins osseux. En termes de sons, j’entends, pas d’arrangements que j’ai voulu désertiques. « Parcs », c’est encore un nouvel univers. Qu’aviez-vous en tête en l’écrivant ? Vous savez, il y a eu dès le début du XXe siècle tout un champ de recherche dans l’art et la poésie – la disparition du sujet, la pauvreté de moyens, la singularité des modes narratifs. Tout ça a été très peu essayé dans la chanson, moi j’expérimente, avec mes modestes moyens… Mais ce que j’aime se résume à une équation simple : des mots, peu de mots mais gorgés de sens et de perspectives émotionnelles. Vous tournez à cinq cette fois-ci…
Recueilli par Sébastien Le Jeune Ce jeudi soir, 20h30, à Barbey, 16-19€. Réservations via les réseaux habituels. Photo : © Philippe Lebruman |