La vigueur de la jeunesse ? L’attrait de la nouveauté ? Il y a de ça mais sûrement bien plus dans le succès de l’Auditorium : au bout d’un an d’existence, les chiffres de fréquentation montrent que le nouvel équipement a séduit les Bordelais et au-delà.


Un an après son ouverture tant attendue, les chiffres sont éloquents : 137 205 spectateurs, dont 44% de Bordelais, 29% d’habitants la CUB, 15% de Girondins, 4% d’Aquitains, le reste se partageant entre Français d’autres régions (5%) et étrangers (2%). Surtout, le taux de remplissage toutes ouvertures confondues atteint les 90% – un score très élevé pour un équipement de ce type. 


« L’un des premiers motifs de satisfaction, précise Anne-Sophie Brandalise, directrice adjointe de l’Opéra de Bordeaux, c’est de constater que le public nous a suivi dans la durée. Une fois passé l’effet de surprise, de nouveauté, avec de grands événements comme les Victoires de la musique classique ou le récital de Lang Lang qui ont mis un coup de projecteur sur la salle, l’engouement s’est poursuivi sur la suite de la programmation. » Preuve supplémentaire de ce succès, le nombre d’abonnés qui a déjà dépassé les 6 200 individus. 



Place aux jeunes

Surtout, l’Auditorium élargit considérablement la “base” du public de l’institution : près de 30% des spectateurs n’avaient jamais pris de places à l’Opéra de Bordeaux. « Les gens arrivent à l’Auditorium, attirés soit par l’orchestre symphonique, soit par une programmation moins attendue (le jazz, les musiques du monde...), reprend Anne-Sophie Brandalise. On peut donc à la fois compter sur la fidélité des “anciens” et accueillir un nouveau public plus jeune, moins classique, qui peut être tenté par la suite d’aller voir l’orchestre. »


Les jeunes, justement, sont au rendez-vous, particulièrement choyés par une politique tarifaire très volontariste : Le Paradis des étudiants donnant droit à 3 concerts pour 24€ fonctionne bien, et 200 jeunes de moins de 26 ans ont adhéré au Pass jeunes Auditorium illimité pour 10€ par mois pour 3 mois minimum (les souscripteurs en profitent environ 3 fois par mois en moyenne, soit la place à 3,30€)... Sans oublier la programmation jeune public dont quasi toutes les propositions font le plein. « L’Opéra a bien sûr besoin que son public rajeunisse mais c’est surtout très énergisant pour les artistes de pouvoir s’adresser à un public de toutes les générations. »



Satisfecit général 

Côté artistes, là encore, c’est le satisfecit : « Tant du côté des artistes invités que de celui de l’orchestre, il y a un consensus sur la réussite acoustique de cette salle. Après des années à jouer au Palais des Sports, l’ONBA retrouve un vrai plaisir artistique – même si les réglages se poursuivent encore avec le nouveau chef Paul Daniel. »Alors, pas d’ombre à cet idyllique tableau ? En cherchant bien, on trouvera quelques soirées à la fréquentation plus basse – « des récitals plus compliqués, baroques, contemporains, mais cela fait partie de notre mission de service public que de prendre ce genre de risque et de maintenir un travail d’éducation artistique ». Même question travaux, le compte y est : les coulisses sont achevées, la Maison des musiciens, incluant vestiaires et studios pour les artistes, a été livrée fin 2013, et le dernier lot, les bureaux de l’orchestre, suit son cours normal. Pas d’autre campagne de travaux à l’été 2014, donc, contrairement à l’an dernier. Mieux, l’équipement se poursuit avec le soutien de la Ville : de gros investissements en vidéoprojecteurs et en sonorisation devraient permettre d’ouvrir le lieu à d’autres formes encore. •


Sébastien Le Jeune

www.opera-bordeaux.com

Photo : © Gaëlle Hamalian-Testud