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Angoulême : Alfred, Fauve à l’italienne PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 05 Février 2014 07:01

Son « Come Prima » (Delcourt) nous avait épaté*, le jury d’Angoulême l’a récompensé du Fauve d’or du meilleur album : pour le Bordelais Alfred, c’est l’heure de la consécration. Entretien.


Quels sentiments vous animent après ce prix ?

D’abord, ça me touche beaucoup, d’autant que je ne m’y attendais pas du tout. Au-delà du livre lui-même, ce sont des années de travail récompensées. Je sais que je veux faire ce métier depuis l’âge de 5 ans et je n’ai jamais voulu faire autre chose, alors j’ai toujours été un peu en quête de légitimité. Ce prix, à 38 ans, il me dit que je ne me suis pas complètement planté. Et puis, ça peut paraître idiot mais, pendant les trois ans qu’il a nécessité, j’ai tellement douté, improvisé, recherché, creusé des pistes qui n’ont rien donné (j’ai laissé 60 planches de côté), bref, je me suis tellement demandé si j’arriverais à aller au bout de ce livre – tout seul, en plus, pour la première fois – que ce prix me dit aussi “tu as le droit de faire un livre comme ça”. Oui, j’ai le droit de partir sans savoir où je vais, oui, j’ai le droit de dessiner en changeant régulièrement d’outils, de formats, de découpage, oui, j’ai le droit de faire comme je veux.



Il faut dire que l’album a eu une gestation assez particulière...

Au point de départ, il n’y avait pas la volonté de faire un livre. Il y a cinq ans, je suis passé par une “crise de dessin” : un an où j’ai été incapable de dessiner, même physiquement. Pour ne pas me laisser complètement absorber par ça, je me suis mis à écrire ce que je traversais, en vrac sur des carnets : souvenirs, pensées, rêves, choses entendues, angoisses... Des “vide-poches”, juste pour moi, pour y voir plus clair. Cette période coïncidait aussi avec mon retour en Italie [avec sa compagne et sa fille en bas âge]. Dès lors, au milieu de ce fatras, des idées ont émergé comme des fils d’une pelote de laine : mes racines italiennes, la fraternité, 
la maternité, le rapport au père... J’ai laissé la curiosité et l’improvisation me guider, pour voir où ça m’emmènerait. En trois ans, j’ai fait le voyage en même temps que mes personnages, et ça a fini par dessiner non pas un récit autobiographique mais une fiction sur un terreau personnel. 



Avant même la parution, c’est à vous qu’Éric Audebert et son association 9-33 avaient décidé de confier l’expo carte blanche de la prochaine édition du festival Regard9 **. Qu’y verra-t-on ? Les 60 planches manquantes ? 

Non, ces planches, je les ai détruites. Chaque livre, avec ses imperfections, c’est un morceau de ma vie. J’ai besoin que les choses aient une fin, alors ce tronçon de ma vie s’arrête là, je suis devenu quelqu’un d’autre. Mais, quand Éric m’a fait cette proposition, je me suis dit que je ne pouvais pas rêver mieux : il y a plein d’aspects que je n’ai pas abordé dans le livre, c’en sera une sorte d’extension entièrement inédite. J’y mettrai mes images affectives de l’Italie en trois lieux : les Cinque Terre où j’ai mes racines, Venise où ma fille a grandi, 
Naples et son énergie que j’ai découverts alors dans un grand choc émotionnel... •

Recueilli par Sébastien Le Jeune 


* Notre chronique du 24 octobre 2013, édition pdf

** Du 19/05 au 1/06, www.rgrd9.com 

Photo : Alfred aux côtés de Willem lors de la remise de son Fauve d’or, dimanche, à Angoulême © Afp - Pierre Duffour

 

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