Cinq ans que le projet courait, le voilà enfin devenu réalité : après les salles consacrées au XVIIIe siècle et au commerce triangulaire, un grand nouvel espace vient d’ouvrir au Musée d’Aquitaine, centré cette fois sur le XIXe siècle.

Magnifique voyage dans le temps au coeur de Bordeaux en pleine mutation, tirée par son port. 
On vous parle d’un temps que même les plus de 100 ans ne peuvent pas connaître. En ce temps-là, on y construisait des ponts pour investir la Rive droite, on y construisait des gares pour commercer avec les terres. En ce temps-là, la flèche Saint-Michel avait perdu sa pointe après une grande tempête et le télégraphe y était perché. En ce temps-là, il y avait des serres dans le Jardin public, un vrai marché sur le cour Victor-Hugo, un cloître et des murs gallo-romains autour de la cathédrale Saint-André. En ce temps-là, trôna même fugacement une statue équestre géante de Napoléon III sur les allées de Tourny. En ce temps-là, enfin, le port de Bordeaux était en plein essor et arrosait la ville de ses richesses venues d’ailleurs.

Comparé au XVIIIe siècle où s’amorçaient doucement les mutations à venir, le XIXe a véritablement été celui de tous les changements. « Le vrai siècle de l’accumulation des richesses », souligne François Payet de l’agence Métaphores qui a signé la scénographie des deux ensembles. « Quand nous avons commencé à travailler véritablement dessus, il y a un an, nous avions tellement de pièces pouvant être montrées qu’on aurait pu remplir deux fois ces 600 m2 ! Surtout, nous avons voulu refléter le dynamisme de ce siècle dans la muséographie : l’idée était d’en faire un voyage, une traversée en immersion dans l’époque, d’où cette mise en scène non pas chronologique mais thématique. »



Maquettes, peintures... et tablettes

Un souhait qui correspondait aussi à celui de la conservatrice chargée des collections XIXe-XXe, Geneviève Dupuis-Sabron. « Cette approche thématique était plus pertinente car, à Bordeaux, ce siècle a été avant tout un grand siècle maritime. L’extraordinaire ouverture de la ville sur le monde vient de là. D’où ces deux séquences, le port d’abord et la ville ensuite. »
Ainsi, sitôt après les salles XVIIIe, après une rapide détour par la Révolution en guise de transition, on plonge d’entrée dans la révolution portuaire à Bordeaux, maquette géante de navire à l’appui, pour mieux ressentir ensuite son impact sur la ville et la vie des Bordelais. Maquettes, donc, mais aussi sculptures, peintures, objets du quotidien ou venus du bout du monde, cartes... et du multimédia interactif sur écrans et tablettes : une vraie expo didactique du XXIe siècle. 
Ne reste plus au conservateur en chef François Hubert et à son équipe “qu’à” s’atteler aux 500 m2 restants dédiés aux XXe et XXIe. Ouverture en 2016, au mieux. •

Sébastien Le Jeune

Photo : L’essor du port de Bordeaux au fil du XIXe siècle eut un impact profond sur la ville, tant du côté de son rapport au monde que de celui de son industrie, de son architecture et de la vie quotidienne des Bordelais. © Lysiane Gauthier - Mairie de Bordeaux