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CAPC : Faire le mur avec Julie Maroh PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 06 Mars 2014 07:00

« Procession », la nouvelle exposition d’œuvres de la collection du CAPC, a été confiée à la bédéiste Julie Maroh qui a travaillé ici avec l’illustratrice Maya Mihindou. Ensemble, elles ont mis les œuvres au service d’une histoire combinatoire évoquant des tensions communautaires : cohabitations, conflits, frontières, murs... et métissages. Pour le visiteur ? Une expérience immersive très réussie.

 


Julie Maroh est l’auteure de la bande dessinée «  Le Bleu est une couleur chaude », Prix du public en 2011 à Angoulême, adaptée au cinéma sous le titre « La vie d’Adèle » par Abdellatif Kechiche, Palme d’Or en 2013 au festival de Cannes. C’était un risque de confier la nouvelle exposition de la collection du musée, qui implique une mise en espace des œuvres, à deux spécialistes de la 2D. 


Elles l’ont fait, pourtant, à partir de leur expérience du dessin et de l’écriture. Et elles réussissent à raconter une histoire dans l’exposition. Les œuvres n’y sont pas montrées comme on s’y attend dans un musée contraint ou guidé par une rigueur scientifique. Pour autant, en dépit d’un accrochage qui s’émancipe de certaines règles, les pièces n’y sont pas tout à fait “accessoirisées” ni “prises en otage” dans un récit qui les déporterait trop loin de ce qu’elles ont à dire. 


D’ailleurs, au commencement ce sont les œuvres qui ont inspiré ce récit en 3D, comme l’explique Julie Maroh : « J’étais très loin de Bordeaux lorsque j’ai commencé à travailler sur l’exposition. J’ai donc consulté la collection sur Internet. Et il y a tellement d’œuvres que j’ai choisi d’organiser mes recherches par mots-clefs. Et ceux qui revenaient le plus souvent étaient associés à des notions de batailles, de conflits, etc. » 



À l’instinct

« Processions » se déploie sur les 1 000 m2 de la galerie Foy dont l’architecture, l’organisation spatiale et la perspective, d’habitude très présentes, sont atténuées par les variations de lumière, les différents climats, les fragments de récits et l’accrochage. 


Julie Maroh et Maya Mihindou ont osé ce que d’autres n’auraient jamais fait, compléter, dialoguer, cohabiter, interroger, prolonger les œuvres en dessinant à côté, entre, dessous, dessus. Elles l’ont fait par touches, délicatement, de façon « instinctive », précise Julie Maroh. 


Parmi les différents interventions, il y a le dessin d’un groupe d’individus que l’on retrouve dans différentes situations. Celui où un homme est à terre roué de coups. Plus loin, celui qui donne à voir une communauté de femmes, d’hommes et d’enfants se déplaçant dans l’urgence et le dénouement. Sans doute sont-ils en exil. 


Il y a aussi cette carte murale montrant l’ensemble des frontières répertoriées dans le monde. Ou encore cette silhouette d’un homme courbé dessinée sous l’œuvre d’Anne-Marie Jugnet où il est écrit « J’ai peur ». Plusieurs citations sont également convoquées, reproduites sur les cimaises. L’une d’elle est de la philosophe américaine Judith Butler, qui interroge les rapports dominants/dominés à travers la conception que l’Occident a du reste du monde.



Le mur

Tout ce parcours débouche à l’extrémité de la galerie sur un mur dont l’apparence évoque le béton et dans lequel deux fentes sont découpées. Il sépare l’exposition en deux. D’un côté, les conflits, la peur, l’exil, l’écrasement. De l’autre, un espace de parole, d’échange, d’écoute, de complexité et de métissage. Un espace qui s’opposerait à tout système imposé, à toute identité enracinée dans le refus de l’autre, à tout pouvoir, à toute idéologie. 


« Procession » déroule une histoire politique sur les questions des conflits. Les œuvres déteignent les unes sur les autres, interagissent entre elles et avec les dessins de Julie Maroh et Maya Mihindou. Ce qui est surprenant, c’est que toutes les notions abordées arrivent à exister sans être vraiment illustrées. • 


Camille Carrau

Jusqu’au 16 novembre, sauf lundis et fériés, 11h-18h (20h mercredi), entrée libre.
www.capc-bordeaux.fr

Photo : Dessins, peintures, messages habillent les oeuvres du CAPC.  © Anthony ROjo

 

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