On ne peut pas encore parler d’une rupture mais le désamour entre les supporters des Girondins et le club atteint cette saison des sommets.

Alors qu’il ne lui reste plus qu’une seule rencontre à disputer à domicile, Bordeaux n’a attiré en moyenne que 18 126 spectateurs lors de ses matchs disputés au stade Chaban-Delmas.
Fervent habitué du virage sud, qu’il fréquente « depuis 1977 », Thierry Soleau, cofondateur et responsable des 
Irréductibles, estime n’avoir jamais vu d’affluences aussi basses depuis ses premières visites dans cette enceinte qu’il appelle toujours le « Parc Lescure.»
Comme la grande majorité des passionnés, ce fan n’a pas de mots assez durs pour expliquer « la bouderie » d’un public « désabusé » : « la situation actuelle du club rend les supporters malheureux et en colère, résume-t-il. Quand on discute, on voit des gens accablés. On a tous rêvé en 2009/2010 quand on était premier à la trêve avec 11 points d’avance et qualifiés en ligue des champions devant le Bayern et la Juve… On a eu un peu le melon et ce succès est monté à la tête de tout le monde... Il y a eu de la suffisance. De très haut, on est tombé très bas et les gens sont groggy. Entendre le discours, présenté comme réaliste, du staff et des dirigeants… Les gens ont besoin de rêver. Si on ne fait pas rêver les supporters, il n’y a plus d’espoir de lendemain et on est en pleine dépression, on voit la vie en noir. Ils ne réalisent pas que certains supporters n’ont que le foot et les Girondins dans leur vie. On a vraiment un sentiment d’abandon, le club est à l’abandon.»



La direction dans le viseur

Dans la ligne de mire des Irréductibles, qui comptent 130 adhérents et fêtent cette année leur quinzième anniversaire, la direction du club.
Le fait que cette dernière n’ait pas fait appel de la fermeture du virage sud lors du match contre Guingamp, suite à une sanction de la ligue, n’a pas été compris. Tout comme les critiques d’Alain Deveseleer, le directeur général, dans un article de l’équipe : « Il a dit : "c’est un public de spectateurs, pas de supporters." Mais critiquer son propre public, c’est un peu gonflé car ce qui génère la désaffection du public, c’est l’absence de résultats. Le potentiel sportif a diminué depuis 4 ans, tous les meilleurs joueurs ont été vendus. On ne peut pas imaginer gagner sans investir dans des joueurs à potentiel. Si on ne prend pas de risques, on ne gagne pas. Ce qui se passe actuellement ne me surprend pas. On ne peut pas donner un bon spectacle footballistique avec l’équipe que l’on a.»
Pour Thierry Soleau, le seul espoir réside dans le déménagement prochain
 vers le nouveau stade du lac : « on est plusieurs à penser que la stratégie de M6 c’est d’attendre de s’y installer pour donner une impulsion financière à l’équipe ou revendre le package. On pense qu’il se passera quelque chose à ce moment là.»


Marseille, « pas le match à perdre »

En attendant, il y a une saison à terminer même si pour Thierry, celle-ci « est pliée depuis déjà un moment.»
Dimanche à 21h, Bordeaux jouera un nouveau match « sans enjeu » à Lille. Mais pour tous les supporters, le seul rendez-vous qui compte est celui contre Marseille, le 10 mai à Chaban-Delmas, où les Girondins devront défendre une invincibilité qui date de 1977 : « on sait qu’un jour on finira par perdre contre l’OM, redoute-t-il. Mais on veut que ce soit le plus tard possible et pas à Lescure. Il ne reste plus que deux coups à tirer (sic). C’est le match de l’année et on ne peut pas imaginer que sur ce match les joueurs se croient déjà en vacances. Quand on voit la nonchanlance de certains, on a l’impression qu’ils sont déjà au Cap Ferret... Mais ce jour-là, il ne faudra pas qu’ils y soient car les gens réagiraient très mal. Ce n’est pas le match à perdre.» •

OSF

Photo : Les Irréductibles, ici lors d’un match de Ligue des Champions en 2009. Un souvenir lointain... © DR