Six semaines après leur dernier match de championnat, les Girondins ont retrouvé le centre professionnel du Haillan, hier après-midi.

Pour le club bordelais, cette reprise marque l’aube d’une nouvelle ère, celle de Willy Sagnol. Pour le nouvel homme fort bordelais, engagé pour trois saisons, la mission est double, alors que se profile, dès le mois de mai prochain, la perspective d’entrer dans un nouveau stade que les dirigeants aimeraient ne pas voir sonner creux... D’abord redonner une certaine compétitivité sportive à un club qui regarde désormais de loin les cadors du championnat, Paris et Monaco en tête. Ensuite redorer l’image de la marque Girondins, assimilée depuis quelques saisons à un jeu lénifiant, devenu un repoussoir pour les supporters et les diffuseurs télé. Le tout avec une enveloppe dédiée au recrutement toujours contrainte. Un challenge de taille...

Pallois, Khazri et bientôt Rose ?
Si l’ex-international et entraîneur des bleuets disposait, pour sa première séance d’entraîneur en chef d’un club professionnel, d’un groupe de 29 joueurs, une seule recrue était sur la pelouse : Nicolas Pallois, solide défenseur central en provenance de Niort (L2) mais illustre inconnu qu’il faudra voir à l’oeuvre pour savoir s’il est bien taillé pour affronter les joutes de l’élite professionnelle.
Cité dans une sombre affaire de paris sportifs en ligne, loisir interdit aux footballeurs professionnels, le gaillard est convoqué le 24 juillet devant la Ligue de Football Professionnel. Hier, l’intéressé a reconnu avoir « parié match nul deux fois (ndlr: de son équipe) dans des paris combinés.» L’éventualité d’une suspension, qui ne ferait ni ses affaires, ni celles du club, n’est donc pas à exclure...
En fin d’après-midi, Willy Sagnol a toutefois appris une bonne nouvelle. Alors que Jean-Louis Triaud évoquait quelques heures plus tôt « des dossiers qui peuvent s’accélérer très rapidement », le club a officialisé, vers 18h sur son site internet, le recrutement de Wahbi Khazri, le milieu offensif du Sporting Club de Bastia. Âgé de 23 ans, l’international tunisien a disputé 61 matchs sous le maillot corse et inscrit 13 buts. L’autre dossier chaud évoqué par le président bordelais, qui pourrait se dénouer dans les prochains jours, concerne Lindsay Rose, le jeune défenseur central de Valenciennes.

Les jeunes devront prouver
En attendant ces renforts, Willy Sagnol va profiter des cinq semaines et quelques dont il dispose avant le premier rendez-vous de la saison, le 9 août à Montpellier, pour jauger ses joueurs et décider de ceux sur lesquels il comptera cette année : « il y a beaucoup de jeunes qui arrivent, souligne-t-il. Certains arrivent à maturité, d’autres pas encore. On se laisse le temps sur les prochaines semaines de réfléchir à ce qu’on fait avec les jeunes joueurs qui sont déjà au club. (...) Des décisions seront prises dans les prochains jours pour l’ensemble du groupe.»
Hier, l’effectif était au complet et aucun bobo n’était à déplorer, à l’exception d’une petite alerte concernant Poko. Jaroslav Plasil, de retour d’un prêt peu concluant à Catane, a participé à la séance. Plusieurs jeunes prometteurs, prêtés la saison dernière, comme Sala, Laborde ou Sacko, vont tenter de convaincre le nouveau coach, connu pour sa bienveillance à l’égard des espoirs, de les conserver.

Des joueurs « motivés »
Dans les premiers temps, la préparation va d’abord être axée sur la montée en puissance physique des joueurs. Le projet de jeu, lui, sera sans doute développé lors du premier stage (lire ci-dessus), pendant lequel le coach espère disposer d’un effectif au complet.
Lors de sa première rencontre avec les joueurs, hier matin, Willy Sagnol a trouvé un groupe « très concerné, très motivé. Ils sont tous impatients de commencer. Tout le monde a envie de se montrer. Il y a un nouvel entraîneur, un nouvel adjoint, un nouveau regard. Ceux qui jouaient moins se disent qu’ils ont une chance. Ceux qui jouaient régulièrement peuvent prendre ça comme une petite remise en question.»
Toutefois, ce nouveau cycle, que les dirigeants espèrent vertueux, ne s’accompagne pas d’ambitions démesurées. Si Jean-Louis Triaud dit espérer finir « entre la 3^e et la 8^e place », le nouvel entraîneur, plus optimiste, refuse lui de se fixer une limite : « en France, seule la première place est préemptée, affirme-t-il. Ensuite, tout est possible.» Chiche ? • 


Olivier Saint-Faustin