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UBB et Girondins : Le bel été des Bordelais PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 28 Août 2014 06:00

Voir le public du stade Chaban-Delmas entamer une fougueuse ola n’a rien d’extraordinaire. Lorsque la vague humaine s’est enroulée autour de la pelouse de la vieille enceinte bordelaise, le 17 août dernier, ce qu’il y avait de surprenant était plutôt que ce raz de marée humain ne célébrait pas une performance des rugbymen de l’Union mais des footballeurs girondins.

 

« Une ambiance comme ça, ça fait au moins deux ans que je n’avais pas vu ça », lâchait l’un des journalistes habitués à couvrir les rencontres des footeux, le soir de la victoire référence contre Monaco (4-1).
En effet, depuis quelques saisons, les soirées festives et les ambiances survoltées étaient plutôt réservées aux manieurs de ballons ovales. L’UBB et son jeu attrayant, son enthousiasme et ses ambitions d’un côté. Les Girondins et leur jeu lénifiant, leur manque d’envie et leurs ambitions en berne de l’autre. Le contraste, pour ceux qui suivent les deux formations, était saisissant.
Pour illustrer ce contraste, un oeil sur les affluences des uns et des autres suffit. Depuis l’accession du club de Laurent Marti au Top 14 en 2011, les cotes d’amour des représentants bordelais des deux sports les plus populaires en France ont connu des trajectoires diamétralement opposées.
Chaque année, les amateurs de rugby sont de plus en plus nombreux à venir supporter leurs favoris : 14 433 en moyenne en 2011/2012, 17 710 l’année suivante puis 19 545 la saison dernière, ce qui a permis à l’UBB d’afficher la meilleure affluence moyenne du pays ! Si l’on ne prend en compte que les matchs au stade Chaban-Delmas, soit huit sur treize la saison dernière, ils étaient même 27 089 en moyenne.
Dans le même temps, les footballeurs ont vu le nombre de leurs fidèles fondre comme neige au soleil. Passés du jour au lendemain des sommets nationaux et continentaux, sous la houlette de Laurent Blanc jusqu’en 2010, à l’anonymat du ventre mou de la Ligue 1, ils ont subi un véritable désamour de leurs fans. Alors qu’ils étaient 29 267 à garnir les tribunes du stade Chaban-Delmas lors de chaque rencontre en 2009/2010, ils n’étaient déjà plus que 24 967 la saison suivante. Et la dégringolade s’est poursuivie : 20 712 en 2011/2012, 19 403 en 2012/2013 puis 18 833 l’an dernier. Une tendance inquiétante qu’ont bien noté les dirigeants du club au scapulaire. à l’aube d’une saison décisive, une réaction s’imposait.

Girondins : la reconquête comme objectif
Etant entendu qu’il est impossible, sans subsides conséquents, de remodeler de fond en comble un groupe qui paraissait la saison dernière gagné par l’usure, les responsables des Girondins ont choisi de nommer un nouveau chef d’orchestre. Après trois saisons au club, Francis Gillot n’a pas vu son bail reconduit. Il est pourtant difficile de lui reprocher quoi que ce soit tant il a semblé tirer le meilleur parti d’un effectif limité. Mais si son bilan est plus qu’honorable (une 5e place, deux fois 7e et une coupe de France), son discours et sa froideur présumée ne semblaient plus passer auprès des joueurs.
Pour le remplacer, l’option Zidane a été envisagée mais c’est finalement Willy Sagnol, jeune entraîneur nourrit au football offensif du Bayern de Munich, qui a posé ses valises en Gironde. Ambitieux, proche de ses joueurs et adepte d’un football alliant efficacité et prise de risque, l’ex-international tricolore a insufflé une énergie nouvelle à tout un club. Et au Haillan, les sourires sont réapparus.
Avec un recrutement sobre mais pour le moment efficace (Khazri, Pallois, Contento, Elori et les retours de prêt de Sala et Plasil), Bordeaux occupe la première place du championnat avec trois victoires en autant de rencontres. Cela durera-t-il ? Peut-être pas mais dans la stratégie de la direction bordelaise, les résultats bruts ne constituent pas cette saison le coeur du projet. L’accent est d’abord mis sur le style de jeu développé, sur l’enthousiasme et la combativité que les joueurs montreront au public. Au-delà du succès contre Monaco. c’est ce qui a d’abord séduit l’assistance le 17 août dernier. Pour Willy Sagnol, le vrai objectif, cette saison, est bien là : il faut redonner aux supporters bordelais l’envie de venir au stade, une ambition qui passe par une amélioration de la qualité du spectacle proposé.
Cette opération séduction est pour le moment sur les bons rails. Elle devra se confirmer sur la durée afin d’assurer le remplissage des 42 000 places du futur stade du lac dans lequel s’installera l’équipe la saison prochaine. Dimanche, à un horaire peu évident (14h) et face à Bastia, un adversaire moins prestigieux que le club de la principauté, l’affluence donnera une première indication sur le degré d’adhésion des fans girondins au projet de reconquête du club.

UBB : un palier supplémentaire à franchir
Convaincre et fidéliser le public grâce à la qualité du spectacle proposé, c’est un peu la marque de fabrique de l’Union Bordeaux Bègles depuis qu’elle s’est installée au premier échelon national. Alors qu’il entame sa quatrième saison en Top 14, le club du président Laurent Marti est toujours resté fidèle à une identité de jeu reconnue sur toutes les pelouses de France, ce, malgré un changement d’entraîneur (départ de Marc Delpoux remplacé par Raphaël Ibanez lors de l’intersaison 2012).
L’Union s’est forgée l’image du petit club d’une grande ville qui survit grâce à l’élan populaire qu’il suscite et la défense, lors de chacune de ses sorties, des valeurs ancestrales du rugby : le combat, l’envie de proposer du jeu, l’abnégation et la solidarité. Des valeurs qui plaisent aux spectateurs et qui ont permis, dans la douleur lors de ses deux premières saisons en Top 14, au club d’arracher son maintien (8e en 2011/2012 puis 12e en 2012/2013) malgré l’un des budgets les plus faibles de la division.
Cette saison encore, l’UBB demeure un nain sur le plan économique avec un budget prévisionnel de 15,86 M€ (source LNR), le 10e du Top 14, bien loin des ogres toulousains  (35,02 M€) ou clermontois (27,90 M€). Malgré les contraintes économiques auxquelles il est soumis, le club est passé tout près d’une qualification la saison dernière (8e, à deux points de la 6e place) et grâce à un recrutement intelligent (Guitoune, Beauxis, Le Devedec, Kodela, etc.) et la conservation de ses cadres (Avei, Talebula, Connor, Le Bourhis, etc.), il fait figure d’outsider dans ce Top 14 2014/2015. Ses deux victoires initiales, la première laborieuse mais finalement maîtrisée contre Lyon (18-9), la seconde plus convaincante contre le Racing Metro (30-21), sont venues confirmer ce statut. Demain, à Grenoble, Matthew Clarkin et ses partenaires tenteront de réaliser un premier coup à l’extérieur.
Pour l’Union, qui s’installera définitivement la saison prochaine dans un stade Chaban-Delmas déserté par les Girondins, cette année et la suivante seront décisives pour installer de façon pérenne le club dans les hautes sphères du rugby français et continuer à faire rêver les supporters. Après tout, Laurent Marti ne clame-t-il pas, depuis déjà quelques saisons, que son objectif est de ramener un jour le bouclier de Brennus dans le Port de la Lune ? •

 Olivier Saint-Faustin

Photo : En cette fin d’été, la cote des Girondins et de l’UBB est au beau fixe. Vainqueurs de toutes leurs rencontres depuis la reprise, les deux clubs affichent pourtant des objectifs bien différents cette saison © OSF

 

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