La pression était là, le jeu tendu – sans éclat mais solide face à des Toulonnais venus en conquérants. Et puis il y a eu la percée de Lesgourgues, sublime, sur 70 mètres, qui a permis la pénalité aboutissant à cette précieuse victoire.

On a même bien cru à une possible défaite – un résultat nul au mieux –, pour cette première rencontre de l’Union dans le stade Matmut-Atlantique, un match en retard reporté en raison des attentats de novembre dernier. Jusqu’à la 78e minute, les hommes de Raphaël Ibanez ne s’en laissaient certes pas compter. Une défense remontée, qui empêcha toute la première période les Varois d’avancer au-delà de leurs 40 mètres, mais le pied sûr de Pelissié leur permettait de mener 9 à 6 à la pause, 12 à 6 même dès la 42e.

Pourtant, pendant ce temps, l’attaque bordelaise tremblait : fidèles à eux-mêmes, les Toulonnais défendaient bien et tapaient fort – trop fort, ils seront deux fois sanctionnés pour plaquage haut, jouant à 14 contre 15 pendant 20 minutes. Au sol, les rucks tournaient quasi toujours à l’avantage du RCT (8 ballons récupérés contre 1 seulement pour l’UBB) – et, fébrile, Simon Hickey manquait deux pénalités (3e et 28e). Il devait céder la place au tout jeune Baptiste Serin, replacé à l’ouverture par le coach.

Coaching gagnant
Un coaching gagnant : à 21 ans, le jeune demi de mêlée a certes lui aussi eu son lot de points manqués. Ses deux pénalités à la 61e et la 65e) auraient pu permettre à Toulon de prendre le large si la botte d’Escande n’avait été sortie par le poteau. Mais Serin a été aux côtés de Lesgourgues l’un des artisans de la victoire. Parfait dans l’orientation du jeu, auteur d’accélérations déroutant l’adversaire, il a aussi fait preuve d’un mental d’acier au moment de tirer la pénalité finale (79e), porté par un stade qui avait attendu les 10 dernières minutes pour pousser vraiment son collectif à grands renforts de olas.

« Cette victoire face à Toulon, c’est une semaine de boulot avec 40 mecs à l’entraînement », s’est empressé de tempérer un Serin à la tête froide. « Malgré nos difficultés, on a su rester concentrés, appliqués, reprenait Madaule, le capitaine. L’évolution du club passera aussi par ce sérieux qui nous a permis de tenir sur la durée du match, sans perdre le grain de folie que l’on a vu sur les mèches allumées par Serin ou Lesgourgues. » Un premier match au Matmut devant 39 000 spectateurs, une victoire, qui les  replace en 5e place : « Un moment très fort », concluera Ibanez. •

Photo : Baptiste Serin a fait preuve d’un grand sang-froid au moment d’inscrire la pénalité de la gagne. © Laurent Theillet / Sud Ouest