La semaine dernière, avant le match contre Newcastle en Ligue Europa (2-0), Francis Gillot avait annoncé la couleur aux supporters, déçus de n’avoir droit qu’à une opposition entre deux équipes bis : « ceux qui veulent voir un bon match, ou plutôt un match à enjeu, ils le verront contre Saint-Etienne.»

Le rendez-vous était pris et sur le papier, l’affiche entre deux des principaux outsiders du championnat s’annonce effectivement prometteuse. Après seize journées, Bordeaux et Saint-Etienne comptent le même nombre de points, 26, et si les Verts, quatrièmes, devancent les Girondins de deux rangs, ce n’est qu’à la faveur d’une différence de but plus favorable (+13 contre +7).



« On a besoin de gagner »

Un choc face à une équipe du haut de tableau, avec tout ce que suppose un tel classement en terme d’intentions offensives et d’ouverture du jeu, c’est peut-être l’idéal en ce moment pour relancer des Bordelais qui marquent le pas depuis quelques rencontres en Ligue 1. Après leur succès contre Marseille le 18 novembre dernier, les protégés de Francis Gillot ont enchaîné une série contre-productive de deux nuls (2-2 contre Sochaux et 0-0 à Reims) et une défaite (1-0 à Montpellier). A trois étapes de la trêve hivernale, une certaine forme d’urgence s’est emparé d’un groupe qui stagne dangereusement : « c’est sûr qu’on a besoin de points, on a besoin de gagner, concédait hier Francis Gillot lors du traditionnel point presse d’avant-match. Sur ces trois derniers matchs, on veut faire beaucoup de points (sic) parce qu’on en a laissé en route depuis deux-trois rencontres. (...) Au classement, il y a très peu de points entre les équipes, ce n’est pas encore décanté. Ce qu’il faut, c’est rester au contact et après, en janvier, ce sera un autre championnat.»



Solide contre les « gros »

Cette saison, la chance des Girondins réside dans leur aptitude à bien négocier les rencontres face aux grosses écuries. Contre Marseille, Paris (0-0), Lyon (0-2) ou encore Rennes (1-0), Lamine Sané et ses partenaires ont toujours réussi des performances de qualité, alliant réalisme offensif et rigueur défensive. Un degré d’exigence des deux côtés du terrain qu’ils ne parviennent pas toujours à retrouver face aux formations moins huppées : « c‘est dur à dire mais c’est vrai que quand on joue contre des équipes comme ça, qui ont le couteau sous la gorge, c’est très difficile, admet l’international sénégalais. Le match, on ne le prépare pas de la même façon. Face aux "gros", on a plus envie, on est plus attentif.» « On est plus concernés contre les bonnes équipes, appuie Francis Gillot. Mais j’espère que ça va s’arrêter. Il faut considérer tout le monde de la même façon. (...) C’est inconscient, ce n’est pas fait exprès mais c’est difficile à rectifier. C’est un problème de motivation individuelle qu’il faut régler. Après, les autres ont le même problème...»


« Dans les 4 premiers à la trêve »


Face aux Verts, Bordeaux a l’occasion de doubler son adversaire du soir et de se rapprocher d’un podium avec lequel il flirte régulièrement. Car dans ce championnat homogène, où « toutes les équipes se valent à l’exception de Lyon et Paris », selon le coach bordelais, Henri Saivet et ses coéquipiers ont une belle carte à jouer : « à chaque fois qu’on a eu l’opportunité de rejoindre les trois premières places, on a échoué, regrette le jeune milieu de terrain. On doit se mettre en tête qu’à part Paris et Lyon, il y a un groupe d’équipes à notre portée, qui ne sont pas meilleures que nous. Il faut que l’on saisisse ces occasions de se hisser dans le peloton de tête. Être dans les quatre premiers à la trêve est important. L’an dernier, on était mal parti, cette année c’est le contraire. Ce serait dommage de gâcher tout ce que l’on a fait.»

Face à eux, les Marine et Blanc vont trouver une formation stéphanoise qui a subi un coup d’arrêt dimanche dernier contre Lyon (0-1). Avant cette défaite sur leur pelouse, les hommes de Christophe Galtier avaient aligné treize matchs sans défaite, toutes compétitions confondues (six victoires, sept nuls). Une série qui en dit long sur le potentiel d’une formation redevenue depuis quelques saisons l’une des places fortes du football français : « c’est un club qui confirme, qui est régulier, observe Francis Gillot. Je trouve qu’ils recrutent bien et ils commencent à s’installer régulièrement dans le haut de tableau. C’est aussi une équipe intéressante au niveau du jeu. C’est devenu une très bonne équipe du championnat.»

Ce soir, le technicien girondin pourra compter sur la quasi totalité de son effectif. Nicolas Maurice-Belay est de nouveau opérationnel tandis que Ludovic Obraniak pourrait effectuer son grand retour en cours de rencontre. •


Olivier Saint-Faustin

Photo : En championnat, Yoan Gouffran et ses partenaires ne se sont plus imposés depuis leur succès contre Marseille le 18 novembre dernier. © ARCHIVES AFP