Les sourires et la joie qui irradiaient le paddock du stade Chaban-Delmas, quelques minutes après le coup de sifflet final, en disaient long sur le soulagement de tout un club. Face à Agen, l’Union a fait plus que simplement remplir sa mission. Dans un stade bondé et une ambiance digne des phases finales, les protégés de Raphaël Ibanez et Vincent Etcheto ont fait exploser leur principal rival dans la course au maintien (48-17).

Après un début de rencontre difficile, ils se sont réveillés et ont inscrit six essais, contre deux aux visiteurs, offrant par instant une telle qualité de jeu qu’il apparaissait presque irrationnel de se dire que cette équipe lutte, depuis le début de la saison, pour sa survie en Top 14. Face à Agen, Bordeaux a fait tout ce qu’il fallait (vitesse, mouvement, agressivité, alternance, précision) pour croire en un avenir au sein de l’élite du rugby français. Cerise sur le gâteau, grâce au bonus offensif, les rugbymen girondins comptent désormais trois longueurs d’avance sur leurs rivaux Lot-et-Garonnais, alors qu’il ne reste que six rencontres à disputer avant la fin de la saison.



« Les marquer au fer rouge »

Si l’affaire est belle, rien n’est encore fait. Passé l’euphorie de la victoire, dans les discours, chacun a rapidement tenu à rappeler qu’il faudra encore cravacher pour parapher un nouveau bail en Top 14 : « je sais que le combat n’est pas terminé, loin de là, prévenait Raphaël Ibanez. Mais ce que je constate, c’est que le groupe a su répondre présent à un moment décisif de la saison. Cela nous donne de l’espoir et le droit de penser encore plus fort au maintien.» « Mon idée, c’était de les marquer au fer rouge, ajoute Vincent Etcheto. C’est une lutte, un combat de boxe à distance depuis quelques temps et là, on s’est rentrés dedans. S’il y avait une justice, on pourrait dire que l’équipe la plus forte doit se maintenir mais ce n’est pas fini et il va falloir continuer à batailler. On a encore des travers à corriger donc il faut rester modestes car comme je le dis souvent, on est une petite équipe capable de faire de grandes choses.» Une petite équipe composée de quelques grands talents à l’image, pêle-mêle, d’Olé Avei, de Met Talebula, d’Heini Adams ou de Camille Lopez, auteur d’une nouvelle prestation de niveau international à l’ouverture.



Bordeaux était trop fort

Avant de s’offrir cette bouffée d’oxygène dans la course au maintien, l’Union a tremblé. Durant 20 minutes, Agen a dominé mais n’a pas su convertir, via la botte de Raphaël Lagarde, les deux pénalités qui auraient pu instiller le doute dans les esprits bordelais. « A ce moment-là, on s’est dit avec certains joueurs que si on ne s’y mettait pas, ça allait être compliqué, explique Camille Lopez. Il y a eu une réaction très positive et on a su renverser la vapeur.» Sur la première incursion girondine dans les 22 mètres agenais, Olé Avei filait dans l’embut et montrait la voie à suivre (28e), une voie qu’empruntait dans la foulée Bruce Reihanna (32e). Après le repos, Le Bourhis (50e), Avei une nouvelle fois (52e), Rey (67e) et Lopez (70e) enfonçaient définitivement le clou. Les deux essais agenais ne changeaient rien (56e, 80e), Bordeaux, samedi soir, était trop fort. « On envoie le message qu’on est présents et qu’on ne va rien lâcher, ajoute Camille Lopez. Il faut continuer sur cette dynamique.» •

OSF

Photo : A l’image de Félix Le Bourhis, qui semble planer au moment d’inscrire le 3e essai de son équipe, l’Union a vécu une après-midi de rêve, samedi à Chaban-Delmas © AFP