L’Aquitaine, comme tout le grand sud ouest, est une terre de rugby. Chez les garçons comme chez les filles, le football de haut niveau tente tant bien que mal de se faire une petite place au soleil.

Chez les messieurs, il y a bien les Girondins de Bordeaux, le grand club régional, qui fait office d’arbre qui cache la forêt. Car derrière le club au scapulaire, aucune autre formation aquitaine n’évolue dans l’une des trois premières divisions nationales.

Chez les dames, le constat est tout aussi édifiant. Le premier club de la région est l’Entente Sportive Blanquefortaise (ESB), qui évolue en deuxième division. Alors que le football féminin a le vent en poupe depuis quelques années, suite notamment aux performances de l’équipe de France, avec un quart de finale de l’Euro disputé l’été dernier mais aussi une quatrième place de la coupe du monde 2011 et des JO 2012, ou de l’Olympique Lyonnais en coupe d’Europe, avec des succès en 2011 et 2012, la pratique de cette discipline a encore du mal à décoller dans l’agglomération. « Depuis deux ou trois ans, on sent que ça rentre un peu plus dans les moeurs, observe Harlem Zayar, responsable technique de la section féminine à l’ESB et coach de l’équipe senior depuis deux ans. Après, ce n’est pas encore comme dans le foot masculin où les jeunes viennent s’inscrire d’eux même. Nous, on est quand même obligé de faire une certaine publicité, de faire circuler l’information pour tenter d’avoir des jeunes joueuses. En Aquitaine, on a pris un peu de retard en terme de développement par rapport à certaines autres Ligues. C’est aussi certainement dû à l’étendue de notre région.»



Cinq catégories et 100 licenciées

Malgré ces difficultés, l’ESB tente de se structurer pour atteindre, à moyen terme, son objectif de rejoindre l’élite nationale du football féminin. Aujourd’hui, le club peut compter sur près d’une centaine de licenciées et aligne des équipes dans cinq catégories : les U6 (moins de six ans, ndlr), les U9, les U15, les U19 et les seniors. L’an dernier, l’équipe fanion a terminé la saison à la 7e place, sur 12 équipes, du championnat de deuxième division. « On ne s’est quand même pas trop mal débrouillées, estime Harlem Zayar. Ça a été une saison très compliquée. Au bout de quelques journées, mon adjointe a arrêté et nous n’avions pas de gardienne confirmée dans les buts. C’était très embêtant. On a navigué entre une joueuse de champ dans les buts et une gardienne du pôle France très jeune qui a été souvent blessée et qui ne pouvait pas faire les déplacements. Dans l’ensemble, le groupe s’est quand même bien accroché.»



Une section féminine au FCGB ?

Pour la saison en cours, Harlem Zayar vise le haut de tableau mais refuse d’évoquer la montée. Après 11 journées, l’ESB est 5e (5 victoires, 4 nuls et 2 défaites), à 7 longueurs du leader, Saint-Maur : « On a énormément de potentiel et un effectif très jeune qui ne demande qu’à progresser, explique-t-elle. Mais je ne veux pas mettre la pression sur les filles.»

Pourtant, accéder à la division 1 est un objectif à part entière. Pour ce faire, le club doit encore grandir. Et peut-être compter sur le soutien d’une structure professionnelle comme celle des Girondins de Bordeaux. En France, plusieurs grands clubs comme le PSG, Marseille ou Lyon, ont choisi de créer une section féminine. Mais le FCGB ne semble pas encore prêt à franchir le pas : « on a tenté des rapprochements à une ou deux reprises mais ils sont clairs là-dessus, ce n’est pas dans leurs projets, regrette Harlem. C’est dommage. Peut être qu’ils attendent qu’on atteigne l’élite pour faire quelque chose…»

En attendant, l’ESB retrouve le championnat dimanche contre Rouen (12h30 au stade Delhomme de Blanquefort). •

OSF

Photo : Les filles du coach Harlem Zayar (premier rang, sur la gauche) évoluent en deuxième division © DR