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Saison 14-15 du TnBA : Chatoyante, la patte Marnas PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 23 Juin 2014 06:00

Dès sa première année à la tête du TnBA, Catherine Marnas appose sa patte optimiste et généreuse, en livrant une saison riche d’une trentaine de spectacles aux séries plus longues. En tout, 15 000 places supplémentaires seront proposées.

 


« En présentant mon projet, j’avais promis aux partenaires une réduction du nombre de spectacles. Eh bien j’ai menti », lançait dans un sourire malicieux la nouvelle directrice jeudi lors de la présentation de la saison 14-15, réaffirmant ce « pari fou » de convaincre encore plus de monde de pousser la porte de son théâtre. Un acte militant aussi, reflété par le visuel de la saison, coticé de motifs fleuris et colorés : « En ces temps où l’inquiétude et l’angoisse engendrent rejet et crainte de l’autre, nous allons partager avec ces spectacles la joie et la fierté de notre condition d’humains. »



Petits mensonges et cachotteries

La première bonne surprise d’une saison qui n’en manque pas s’appelle « Le Banquet fabulateur ». Dans notre grand entretien il y a peu (notre édition du 10 juin), la metteure en scène indiquait qu’elle se contenterait, en guise de prise de contact avec le public bordelais, d’une reprise de ses « Lignes de faille » tirées du roman-fresque intime et historique de Nancy Huston, annoncé en ouverture de saison. Encore une cachotterie ! Elle nous offrira en février la création du « Banquet fabulateur », joute d’éloquence brodée sur des textes de Huston, Shakespeare, Racine et autres Pagnol, à vivre à table (attention, petite jauge de 80 personnes).


L’écriture contemporaine, celle trouvant « les mots qui éclairent notre quotidien », sera particulièrement à l’honneur. Outre Huston, donc, on entendra le verbe de Bruno Boëglin et Romain Laval dans « Tombé », clash de réflexions anthropologiques entre Claude Lévi-Strauss et un jeune chercheur désabusé ; le théâtre total – musique, vidéo et arts de la piste inclus – du Hongrois Árpád Schilling dont la « Party » burlesque et kafkaïenne veut alerter sur les tentations du nationalisme et du totalitarisme ; plus ubuesque encore, la « Yvonne, princesse de Bourgogne » de l’immense Gombrowicz passée à la moulinette Jacques Vincey ; plus kafkaïen, le regard sur l’Holocauste d’un autre Hongrois, le Nobel Imre Kertész, dans une « Liquidation » composite à peine portable à la scène – et c’est à la brillante directrice du Théâtre national de Strasbourg Julie Brochen qu’on doit ce tour de force. 



De l’intime et du classique

Plus intimistes, les thèmes de la mort d’un enfant dans « Petit Eyolf » d’Henrik Ibsen monté par Julie Berès, de la dérive dépressive d’une femme ordinaire dans « Elle brûle » écrite au plateau par Mariette Navarro avec les Hommes Approximatifs, d’un médecin questionnant sa foi en Hippocrate dans « Un métier idéal », nouvelle échappée solo de Nicolas Bouchaud, l’acteur fétiche de Sivadier du TNB de Rennes. Et du couple qui part en vrille dans l’un des clous de la saison, l’adaptation des « Scènes de la vie conjugale » d’Ingmar Bergman par les génies belges de tg STAN. 


Les auteurs classiques n’en ont pas pour autant dit leur dernier mot, mais accommodés à une sauce actuelle. Ainsi l’« Andromaque » de Racine transposé dans l’Entre-deux-Guerres par Frédéric Constant ; le « diptyque Agnès, hier et aujourd’hui » où Catherine Anne met en regard sa propre Agnès victime d’inceste et celle de Molière, la trop ingénue Agnès de « L’École des femmes ». Et deux créations d’ici, un « Sganarelle » où Catherine Riboli remet du tréteau dans la première pièce en vers de Molière – et les spectateurs au centre – et un « Candide » de Voltaire disséqué façon théâtre d’ombres par un quatuor de chercheurs loufoques sortis du cerveau de Laurent Rogero.


Enfin, pour nos chères têtes blondes, deux grands classiques aussi : « Blanche-Neige » des frères Grimm revu façon théâtre visuel par Nicolas Liautard, en décembre pendant le festival pessacais Sur un petit nuage, et en mai le « Peau d’âne » de Perrault, servi moins sombre par Jean-Michel Rabeux sur lit de scéno inventive et de musique pop. • 


Sébastien Le Jeune

Les autres arts pas oubliés
Hors du théâtre pur (ou presque), on verra de la danse, plein, au fil de cette nouvelle saison du TnBA. Cela démarrera par le nouveau Hamid Ben Mahi, « La Hogra » (“l’oppression”) et le « De Marfim e Carne » (“d’ivoire et de chair”) de la Portugaise Marlene Monteira Freitas et sa bien nommée compagnie Bomba Suicida, tous deux pendant Novart, pour finir avec la danse-théâtre des Bruxellois de Peeping Tom dans « Vader » en mai. En passant par le « Bliss » d’Anthony Égéa et, last but not least, le chouchou de Catherine Marnas, Alain Platel qui donnera avec ses Ballets C de la B en avril son « Coup fatal », concert dansant inclassable télescopant sape et musique traditionnelle de Kinshasa et répertoire baroque.
Les autres spectacles, partenariats obligent, c’est ailleurs qu’il faudra aller les chercher : au Grand-Théâtre « Carmen » revu et corrigé à la sauce contemporaine par la formidable Dada Masilo et sa Dance Factory sur des musiques de Bizet bien sûr, mais aussi Chtchedrin et Pärt ; à l’Olympia d’Arcachon le virevoltant « Sutra » que le chorégraphe grand fan de Bruce Lee Sidi Larbi Cherkaoui a monté avec 17 moines Shaolin (les inventeurs du kung-fu), au Cuvier d’Artigues le hip hop théâtralisant de la paire Sébastien Ramirez-Honji Wang dans « Monchichi ».
Et on prendra la direction du Carré de Saint-Médard-en-Jalles pour le temps fort cirque de février, le « Azimut » d’Aurélien Bory avec le Groupe acrobatique de Tanger. •

Ouverture des abonnements ce jeudi au guichet et le 2/07 en ligne, des locations le 3/09. www.tnba.org

Photo : Marnas donnera deux spectacles cette saison, dont « Lignes de faille » en ouverture. © Pierre Grosbois

 

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