Saison 14-15 du TnBA : Chatoyante, la patte Marnas |
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Lundi, 23 Juin 2014 06:00 |
Dès sa première année à la tête du TnBA, Catherine Marnas appose sa patte optimiste et généreuse, en livrant une saison riche d’une trentaine de spectacles aux séries plus longues. En tout, 15 000 places supplémentaires seront proposées.
« En présentant mon projet, j’avais promis aux partenaires une réduction du nombre de spectacles. Eh bien j’ai menti », lançait dans un sourire malicieux la nouvelle directrice jeudi lors de la présentation de la saison 14-15, réaffirmant ce « pari fou » de convaincre encore plus de monde de pousser la porte de son théâtre. Un acte militant aussi, reflété par le visuel de la saison, coticé de motifs fleuris et colorés : « En ces temps où l’inquiétude et l’angoisse engendrent rejet et crainte de l’autre, nous allons partager avec ces spectacles la joie et la fierté de notre condition d’humains. »
Petits mensonges et cachotteries
L’écriture contemporaine, celle trouvant « les mots qui éclairent notre quotidien », sera particulièrement à l’honneur. Outre Huston, donc, on entendra le verbe de Bruno Boëglin et Romain Laval dans « Tombé », clash de réflexions anthropologiques entre Claude Lévi-Strauss et un jeune chercheur désabusé ; le théâtre total – musique, vidéo et arts de la piste inclus – du Hongrois Árpád Schilling dont la « Party » burlesque et kafkaïenne veut alerter sur les tentations du nationalisme et du totalitarisme ; plus ubuesque encore, la « Yvonne, princesse de Bourgogne » de l’immense Gombrowicz passée à la moulinette Jacques Vincey ; plus kafkaïen, le regard sur l’Holocauste d’un autre Hongrois, le Nobel Imre Kertész, dans une « Liquidation » composite à peine portable à la scène – et c’est à la brillante directrice du Théâtre national de Strasbourg Julie Brochen qu’on doit ce tour de force. De l’intime et du classique
Les auteurs classiques n’en ont pas pour autant dit leur dernier mot, mais accommodés à une sauce actuelle. Ainsi l’« Andromaque » de Racine transposé dans l’Entre-deux-Guerres par Frédéric Constant ; le « diptyque Agnès, hier et aujourd’hui » où Catherine Anne met en regard sa propre Agnès victime d’inceste et celle de Molière, la trop ingénue Agnès de « L’École des femmes ». Et deux créations d’ici, un « Sganarelle » où Catherine Riboli remet du tréteau dans la première pièce en vers de Molière – et les spectateurs au centre – et un « Candide » de Voltaire disséqué façon théâtre d’ombres par un quatuor de chercheurs loufoques sortis du cerveau de Laurent Rogero. Enfin, pour nos chères têtes blondes, deux grands classiques aussi : « Blanche-Neige » des frères Grimm revu façon théâtre visuel par Nicolas Liautard, en décembre pendant le festival pessacais Sur un petit nuage, et en mai le « Peau d’âne » de Perrault, servi moins sombre par Jean-Michel Rabeux sur lit de scéno inventive et de musique pop. • Sébastien Le Jeune Les autres arts pas oubliés Ouverture des abonnements ce jeudi au guichet et le 2/07 en ligne, des locations le 3/09. www.tnba.org Photo : Marnas donnera deux spectacles cette saison, dont « Lignes de faille » en ouverture. © Pierre Grosbois |