Premiers de la super-classe, même ! Si les annonces de saisons sont toujours un moment réjouissant, celle de la scène conventionnée Le Carré-Les Colonnes se distingue toujours par la qualité et la variété de ses choix, en défendant une approche à la fois pointue et populaire. La saison prochaine ne fera pas exception : on s’en lèche déjà les babines.


Pourtant, les deux salles, le Carré de Saint-Médard-en-Jalles comme les Colonnes de Blanquefort, toutes deux pilotées depuis le Carré par sa directrice Sylvie Violan, doivent elles aussi quelque peu se serrer la ceinture. Une programmation « resserrée » autour de 36 spectacles (contre 51 en 14-15), mais – de la même manière qu’au TnBA l’an dernier – avec des séries plus longues, qui ont l’avantage de valoriser les compagnies et d’éviter un trop grand nombre de spectacles à guichets fermés très tôt dans la saison, en particulier sur les spectacles jeune public à petite jauge. Avec 104 représentations au total, « la jauge offerte reste importante », estime Sylvie Violan.


Une fois n’est pas coutume, la programmation a été en quelque sorte “hiérarchisée” avec 10 spectacles « à dévorer les yeux fermés » quand les autres sont juste « à déguster sans modération ». Manière de jouer la carte “faites-nous confiance” – facile quand il s’agit d’inviter à découvrir le petit-fils Chaplin James Thierrée (photo de Une) dans son « Raoul » applaudi dans le monde entier depuis cinq ans ; le « Platonov » de Tchekhov avec une Emmanuelle Devos moliérisée pour son interprétation de la générale (Meilleure comédienne dans un spectacle public) ; un concert de Dominique A qui vient de faire complet au Krakatoa ; le dernier spectacle de Jacques Gamblin – le sportif « 1 Heure 23’ 14” et 7 centièmes » – ; les acrobaties époustouflantes du Collectif XY avec son dernier, « Il n’est pas encore minuit », ou encore un “tube” du burlesque, « L’Art du rire » du Belge Jos Houben, qui tourne lui aussi à l’international depuis une poignée d’années. 


Autant s’abonner...

Confiance de mise en revanche, pour vous convaincre de ne pas manquer le « Tartuffe d’après Tartuffe d’après Tartuffe d’après Molière » (ouf) joué solo par Guillaume Bailliart ni les grand-mères coréennes chorégraphiées par Eun-Me Ahn dans « Dancing Grandmothers ». Des bijoux, si on vous le dit !


Les 26 autres n’ont pourtant pas à rougir, loin s’en faut ! Du cabaret polyphonique étrange des Dakh Daughters ukrainiennes au virevoltant ballet « Badke » alliant les Belges de C de la B avec les Palestiniens de l’A.M. Qattan Foundation, en passant par les prouesses sur échafaudages de bûches de l’Italien Claudio Stellato, le fabuleux « Tour du monde des danses urbaines en 10 villes » imaginé par Bengolea et Chaignaud, l’incontournable « White » des Écossais du Catherine Wheels Theatre pour les tout-petits ou encore « Sound Of Music », une comédie musicale sur la crise signée du Suisse Yan Duyvendak avec le chorégraphe Olivier Dubois... tout, absolument tout vaut qu’on s’y intéresse de près.


Les avides de surprises ne manqueront pas ces spectacles cassant le rapport traditionnel avec le public chers au Carré-Colonnes. Ainsi « Le Noshow » québécois où le public décide de tout, même du prix du spectacle ! « By Heart » du Portugais Tiago Rodrigues qui fait intervenir 10 spectateurs pour réfléchir au sens d’“apprendre par coeur”. Quant à Ivana Müller, dans « We Are Still Watching », elle laisse carrément aux spectateurs le soin de lire son texte ! 


Les tarifs augmentent un chouïa à l’unité (entre 15 et 32€ en tarif plein, 9€ en jeune public) mais les abonnements restent très attractifs, dès 4 spectacles – 3 pour ces veinards d’étudiants ! La billetterie ouvre mardi. • Sébastien Le Jeune

Présentation de saison publique le 4/07 au Carré et le 17/09 aux Colonnes. www.lecarre-lescolonnes.fr

Photo : « Dans (la) marde », le théâtre ? Le Carré-Colonnes va plutôt bien, merci. Mais dans leur « Noshow » (en ouverture de saison), les Québécois Nous sommes ici invitent à réfléchir au prix d’un spectacle... en laissant les spectateurs décider du prix ! Mais gare à la grève ! Plus qu’interactif, imprévisible. © Renaud Philippe