Destination à privilégier dès ce soir et jusqu’à samedi, le parc de Bacalan où va avoir lieu la 6e édition du festival Nomades. On vous dirait bien d’y aller les yeux fermés mais faisons-en le tour avant, quand même.

Ce n’est pas le plus gros festival de l’agglo, pas par sa fréquentation, encore moins par son budget. Mais Nomades est sans doute de ceux qui ont le cœur le plus grand, les yeux les plus ouverts, tant sur la ville que sur le monde. Ce festival des cultures nomades est le fruit du travail de 15 bénévoles à l’année et plus d’une centaine pendant la semaine de l’événement, et surtout d’un collectif Mascarets réunissant dans son sein quasi tous les acteurs socio-culturels du quartier : l’amicale laïque, le centre social, les écoles, la bibliothèque, des lieux alternatifs emblématiques comme le Garage Moderne...

Un tour de force dans ce quartier qui ne compte pas parmi les plus aisés de Bordeaux... mais qui a toujours eu compté une forte proportion de populations nomades (gitans, manouches, tsiganes...). Ce dernier point est d’ailleurs à l’origine de Nomades qui a, depuis, pris de l’envergure. « L’idée, c’est d’aborder ces cultures nomades au sens large, hors des clichés, en sortant des angles stigmatisants », résumait bien la présidente de Mascarets Marine De Broca-Célérier l’an dernier (notre édition du 15 septembre 2015).

Cette focale de plus en plus large, on la retrouve au menu du cru 2016. D’abord au rayon musique : on retrouve évidemment des folklores tziganes et des Balkans (Haïdouti Orkestar, Dzambo Agusevi Orkestar et notre Cie Mohein) mais on entendra aussi la rumba fusion locale de Metisolea’ et, en têtes d’affiche, demain soir la Sahraouie Aziza Brahim – née dans un camp de réfugiés en Algérie – et samedi soir le beau duo flamenco-chaâbi par des stars de leurs genres respectifs, “el Gitano francés” Juan Carmona (photo de Une) et l’Algérien Ptit Moh. Et tout ça, sous chapiteau... à prix libre !

Tout autour, un joyeux assemblage de stands et d’expos : les photographes Pierre Wetzel et Nico Pulcrano en reportage au centre d’accueil des gens du voyage de la Jallère à Bacalan, le peintre touareg nigérien Al Moustapha Tambo, plus une exposition en avant-première sur l’histoire des peuples nomades à Bordeaux conçue par les Archives municipales, le musée d’Aquitaine et les archives de « Sud Ouest ».

Ce jeudi soir, à partir de 20h, c’est démarrage en douceur... plus ou moins : le concert-spectacle de Blues-o-Matic Experience et son batteur mécanique séduira même les plus jeunes, tandis que « Timbuktu » aux sept César contient des scènes à réserver à un public averti. •

Sébastien Le Jeune

www.festival-nomades.com

Photo : La Sahraouie Aziza Brahim, tête d’affiche musicale de la soirée de demain © Guillem Moreno