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Le Congo et l'exil au coeur d'une pièce à voir à l'Inox Théâtre PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 26 Janvier 2017 06:00

Artisan passionné du théâtre*, le Bordelais Malick Gaye monte jusqu’au 5 février à l’Inox « Fara-Fara », une pièce sur l’exil avec pour toile de fond l’histoire trouble du Congo. Entretien.

 

Le Belge, l’ex-Zaïre, aujourd’hui RDC (République démocratique), fief de Mobutu puis Kabila père et fils... et sa capitale-monde, Kinshasa, où s’affrontèrent Mohamed Ali et George Foreman dans un combat d’anthologie. Entre histoire intime et grande Histoire, un théâtre musical pas comme les autres.

Pourquoi « Fara-Fara » ?
Tout part d’une rencontre avec le comédien Christian Bena Toko, qui avait beaucoup de choses à dire sur l’exil et le Congo. Et ça me parlait, aussi, en particulier les liens du pays avec le génocide rwandais, les camps de réfugiés dans l’Est, Kabila qui fait tirer sur la foule... On parle du coeur de l’Afrique, avec ses neuf frontières, ses ressources extraordinaires (pétrole, or, bois, diamant...) et sa misère extrême. Comme disait Frantz Fanon, « l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo ».

Mais Christian avait écrit un texte trop personnel, qui manquait de dramaturgie. On a donc fait appel à Alice Carré qui a écrit ce récit en séquences, polyphonique, un enchevêtrement de face-à-face... qui se dit « fara-fara » en lingala, langue principale du Congo. Il y a le face-à-face entre deux musiciens congolais pendant la campagne présidentielle de 2006 [qui confirmait Kabila fils au pouvoir, ndlr]. Celui entre Ali et Foreman, le “combat du siècle” en 1974. Et puis il y a celui de simples Congolais, un qui est parti et l’autre qui est resté.

Déjà plus de deux ans de travail sur cette pièce. Elle a beaucoup évolué depuis sa création à Paris en avril dernier ?
Oui, et c’était un peu le but de ces premières parisiennes d’avoir des retours de mes amis venus de différentes scènes nationales. Leurs conseils nous ont poussé à travailler encore, à aller plus fort, plus loin. De toute façon, ça a été un processus de création permanent depuis les premières résidences au Rocher de Palmer et à l’Oara en 2016. Par exemple, au départ, Jérémie Martin, le batteur d’O’Styl, devait juste rythmer la pièce. Puis il est entré en scène pour le combat de boxe (on a eu un vrai coach !) et, maintenant, il a un rôle actif, avec du texte. L’idée, c’est aussi de rendre la pièce adaptable à tous les lieux, en espérant la jouer un jour à Kinshasa.

Est-ce que ça peut parler à des gens éloignés des problématiques africaines ?
Bien sûr ! On y parle autant d’Afrique que d’Occident. Où des problèmes similaires se posent – ceux de la longévité politique, de la criminalisation des opposants... Et l’auteure, Alice, une Française, s’est intéressée à l’Afrique sur le tard. Son propos questionne donc aussi notre France d’aujourd’hui, le pays d’Europe dont le plus de jeunes partent.

Et puis ça reste un spectacle positif : on y dit qu’aussi compliquée soit la vie, elle vaut la peine d’être vécue... •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

À l’Inox, jusqu’au 5 février (relâche les 29 et 30), 21h (dimanche 15h), 8-15€. farafara.bigcartel.com

* Sa compagnie Very Cheap Prod. est née sur un projet de théâtre en financement participatif, toujours en cours (notre édition du 13 mars 2012).

Photo : Le comédien congolais Christian Bena Toko, à l’origine de ce solo devenu duo © Kami

 

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